© D.R. Quel est l’objectif de votre site internet Grossesse imprévue ? Je veux rendre le choix de l’issue de la grossesse à la personne enceinte elle-même. Il s’agit de fournir toutes les informations les plus fiables et les plus accessibles possibles à la personne directement concernée, autant sur l’IVG que sur le début d’une parentalité ou la remise du bébé à l’adoption, tout en étant la plus neutre et non jugeante possible. Chaque option peut être envisagée. On parle souvent de « grossesse non désirée », mais une grossesse peut être imprévue et acceptée, ou pas. Elle peut aussi être investie et appréciée. Lorsqu’on se découvre enceinte alors qu’on ne s’y attendait pas, toutes les possibilités sont ouvertes. Je n’ai pas voulu reprendre le terme « non désirée » pour ne pas orienter le choix des personnes. Le terme « imprévue » est plus neutre. Il décrit simplement un fait. Je souhaite aussi m’adresser aux personnes dont des circonstances particulières peuvent entourer la grossesse, comme le handicap, le fait d’être mineure, le fait d’avoir vécu un déni de grossesse, le fait d’être dans un contexte de violence, etc. Ces circonstances peuvent rendre la prise en charge de la grossesse plus spécifique et les ressources un peu plus conventionnelles y pensent rarement. Il existe déjà des ressources, mais elles ne sont pas si connues. Le site Grossesse imprévue donne accès à beaucoup de ressources externes sur chaque sujet évoqué. Il s’agit d’aiguiller vers des professionnels qui ont des compétences dédiées, pour chaque choix, y compris avec un handicap, après un déni de grossesse, etc. Je souhaite vraiment qu’on rende leurs droits reproductifs aux personnes enceintes, quelles qu’elles soient, dans quelques circonstances qu’elles soient. Mon but est que l’accès à la santé, dans ce qu’il a de plus basique, devienne une norme et non pas une bataille. Comment…
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« Le travail de nuit en douze heures est populaire, mais pas sans risque »
Quels sont les risques du travail de nuit en gardes de douze heures ? Les sages-femmes ont été les premières à travailler en douze heures, puis cela a été généralisé. De façon générale, le travail en douze heures est devenu populaire. Pour les dirigeants, cela permet à la fois d’organiser des rotations avec plus ou moins les mêmes équipes et cela permet d’externaliser les temps de transmissions et d’habillage/déshabillage sur le temps personnel des agents. De leur côté, les salariés pensent que cela les préserve de certains risques psychosociaux, car ils sont moins souvent présents sur le site et bénéficient de plus de jours de repos. Pourtant, les risques sont majorés avec le travail de nuit en douze heures, comparé aux nuits de huit heures. Les études ont montré une augmentation du risque d’erreur à partir de la neuvième heure de travail. Dès 2014, l’INRS a alerté sur l’augmentation des risques d’accidents du travail, de prise de poids, de conduites addictives et des pathologies du dos. Les mécanismes sont connus : l’humain est un animal diurne et sa physiologie est organisée autour de rythmes circadiens. Le travail de nuit engendre un conflit avec l’environnement, ce qui aboutit à des désynchronisations et une dette de sommeil. Une expertise de l’Anses de 2016 a catégorisé les risques, selon qu’ils soient avérés, probables ou possibles. Parmi les risques bien documentés, on retrouve les troubles du sommeil, la somnolence, les syndromes métaboliques comme l’obésité abdominale ou l’hypertension artérielle. Concernant les risques probables, on note une baisse des capacités cognitives de concentration ou de mémoire, l’anxiété, la dépression, le surpoids et l’obésité, les maladies cardiovasculaires et les cancers du sein ou de la prostate. Enfin, les risques possibles portent sur l’augmentation des lipides dans le sang, l’hypertension artérielle et les accidents vasculaires cérébraux. Les syndicats commencent à alerter sur...
Travail de nuit et qualité de vie des sages-femmes : l’étude de l’AP-HP ne permet pas de conclure
L’étude Aladdin sur la qualité de vie et les conditions de travail des hospitaliers exerçant la nuit se concentre sur l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Elle n’a récolté les réponses que de 58 sages-femmes. « L’échantillon n’est pas représentatif et l’effectif restreint ne permet pas d’extrapoler les résultats à toutes les sages-femmes de France », souligne ainsi Lorraine Cousin, doctorante en santé publique à l’Unité de recherche clinique en économie de la santé de l’AP-HP. Malgré cette précaution et alors que peu d’études se sont intéressées au travail de nuit des sages-femmes hospitalières, les résultats d’Aladdin, publiés dans le Bulletin épidémiologique hospitalier du 19 septembre, représentent une première. De façon générale, alors que la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) dans les établissements de santé fait l’objet d’une stratégie nationale depuis 2016, ce sujet reste peu investigué concernant les personnels hospitaliers de nuit. L’étude Aladdin, menée du 15 juin au 15 septembre 2020 dans les 39 sites de l’AP-HP, montre notamment que les sages-femmes sont plus nombreuses que les autres professionnels de santé à trouver leurs horaires de travail inadaptés à leur situation personnelle. Pour autant, est-ce lié au travail de nuit ? SAGES-FEMMES : UNE QVCT PLUS DÉGRADÉE Les participants ont été invités à répondre à un questionnaire en ligne permettant d’évaluer la QVCT à l’aide de l’échelle Work-related Quality of Life Scale (WRQOL). Ses 24 items passent en revue le bien-être général, le sentiment d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, la satisfaction au travail et vis-à-vis de la carrière professionnelle et la satisfaction par rapport à la qualité générale de la vie professionnelle. Ne s’adressant pas aux médecins, cette enquête concernait tous les autres personnels opérant soit uniquement de nuit, soit en alternance jour/nuit. Les infirmières représentent ainsi 52,3 % du panel des 1387 réponses analysées, les aides-soignantes ou techniciens 38,2 %, les sages-femmes 4,2 % et les cadres...
Les migrantes en France : des esclaves sexuelles ?
Après avoir été violée au Bénin, Stella a été embarquée par un réseau de traite des humains jusqu’en Libye, où elle a été vendue à quatre reprises. Arrivée en Italie, elle est encore exploitée sexuellement. À Marseille aussi, elle est violée à de nombreuses reprises, par des hommes blancs, certains armés. « Si je raconte ça à la police française, les agresseurs me tueront, rapporte-t-elle à une journaliste du Monde. C’est simple : vous êtes une femme migrante, vous êtes une esclave sexuelle. » Comme un grand nombre d’autres femmes meurtries, Stella est une patiente de Jérémy Khouani, médecin généraliste dans une maison de santé du IIIe arrondissement marseillais, un des endroits les plus pauvres de France. Traumatisé par les histoires et les symptômes de ses patientes, l’homme, qui est également enseignant-chercheur à l’université d’Aix-Marseille, décide d’user de la seule arme qu’il apprécie : la science. Il arrive à monter une étude d’ampleur sur le sujet, s’entourant d’une dizaine de scientifiques marseillais. Leurs conclusions ont récemment été publiées dans la revue médicale The Lancet Regional Health – Europe. Un risque de viol multiplié par 18 L’équipe a choisi de travailler sur les violences survenues dans le pays d’accueil. Les résultats sont affligeants. Presque 5 % des femmes ont subi un viol au cours de leurs 12 derniers mois de vie en France, soit un risque 18 fois plus élevé que celui connu dans la population générale de notre pays. Les femmes ayant subi des violences sexuelles avant d’arriver – soit plus des trois quarts d’entre elles (75,7 %) – présentent davantage de risques d’en subir à nouveau. Celles qui n’ont pas de compagnon en France et celles originaires d’Afrique de l’Ouest sont également plus à risque. Preuve supplémentaire que les pays d’accueil ne sont pas protecteurs, tout au moins la France, les femmes qui n’ont pas bénéficié d’un dispositif d’aide...