Haute Autorité de santé – Prolapsus génital de la femme : Prise en charge thérapeutique. Synthèse : Évaluation et prise en charge conservatrice – mai 2021

Cette synthèse est complémentaire de la fiche de synthèse « Prise en charge chirurgicale ». Ce document présente les points essentiels de la publication : Prolapsus génital de la femme : Prise en charge thérapeutique, mai 2021 Toutes les publications de la HAS sont téléchargeables sur www.has-sante.fr

Validée par le Collège le 6 mai 2021

L’ESSENTIEL

• Le symptôme le plus spécifique d’un prolapsus est la boule vaginale perçue ou ressentie par la patiente.

• Seuls les prolapsus génitaux symptomatiques ou compliqués nécessitent une prise en charge thérapeutique.

• La prise en charge d’un prolapsus repose sur une décision médicale partagée avec la patiente.

• Une prise en charge non chirurgicale est à proposer à toutes les patientes.

• La prise en charge d’un prolapsus est souvent pluridisciplinaire.

Principaux facteurs de risque et/ou aggravant d’un prolapsus génital (liste non exhaustive)

Certains sont modifiables et leur correction fait partie de la PEC :
• la toux chronique ;
• le syndrome d’obstruction défécatoire ;
• la poussée abdominale lors de la miction ;
• la manière de porter des charges ;
• l’obésité ;
•  la sédentarité.
Certains sont non modifiables mais sont à prendre en compte dans la décision thérapeutique :
• l’âge physiologique ;
• les antécédents gynéco-obstétricaux ;
• le statut hormonal ;
• une maladie affectant le collagène (par exemple le syndrome
d’Ehlers-Danlos) ;
• des atteintes neurologiques du plancher pelvien (spina bifida, syndrome de la queue-de-cheval, etc.).

Évaluation initiale d’un prolapsus génital

Entretien initial• Évaluer le type de gêne ressentie (sensation de boule vaginale, de pesanteur pelvienne), les troubles fonctionnels urinaires ou ano-rectaux, et les attentes de la patiente
• Évaluer l’importance de cette gêne, son impact sur la vie quotidienne (activité physique ou sexuelle, handicap fonctionnel, psychologique ou social) et sur la qualité de vi
• Rechercher les facteurs de risque de survenue d’un prolapsus (ou aggravants)
• Vérifier que les dépistages pelviens recommandés sont à jour
Examen clinique• Pour confirmer le diagnostic, décrire le prolapsus et éliminer une autre pathologie pelvienne
• En position couchée ou gynécologique puis debout si besoin
• Demander à la patiente de faire des efforts de poussée (l’utilisation de valves ou d’un hémispéculum peut faciliter l’examen)
• Examiner chaque compartiment (antérieur, moyen et postérieur) : estimation de l’extériorisation et de la béance vulvaire
• Évaluer la trophicité vaginale, la qualité fonctionnelle des muscles du plancher pelvien, et rechercher une fuite urinaire à la toux
• À répéter (avec effort de poussée, en position debout et en fin de journée) si examen non concordant avec la gêne ressentie par la patiente
Autoquestionnaires• Évaluer les symptômes associés
• Évaluer le handicap induit et le retentissement sur la qualité de vie (ou psychosocial)
• PFDI-20 (Pelvic Floor Distress Inventory) ou APFQ (Australian Pelvic Floor Questionnaire) (validés en français)
Examens complémentaires• Pour le diagnostic du prolapsus : pas d’examen complémentaire
Information de la patiente• Transmettre une information claire, adaptée afin de rassurer la patiente (sur la pathologie, les facteurs de risque, et l’évolution possible du prolapsus génital)
• Faire participer la patiente au choix de sa prise en charge en présentant les différentes options thérapeutiques adaptées à sa situation (modalités, limites)

Éléments d’information pour la patiente

  • Un prolapsus évolue lentement et le recours à la chirurgie est très rarement une urgence.
  • L’utilisation d’un pessaire (continu ou discontinu) et/ou un traitement rééducatif peuvent améliorer la gêne et les symptômes associés au prolapsus.
  • Un traitement n’est nécessaire que si la gêne est avérée ou en cas de forme compliquée du prolapsus.
  • Les saignements et les douleurs sont anormaux et nécessitent de consulter.

Prise en charge non chirurgicale

Les mesures hygiéno-diététiques

  • Perte de poids et alimentation équilibrée
  • Prise en charge d’une constipation chronique
  • Éducation thérapeutique au comportement mictionnel et défécatoire
  • Éducation thérapeutique au port de charges
  • Éducation thérapeutique du contrôle de la toux
  • Limiter la sédentarité et favoriser l’activité physique

Le pessaire

  • Est indiqué à visée thérapeutique en première intention, quels que soient l’âge et le stade du prolapsus (en cas de rectocèle : possible mais d’efficacité moindre).
  • Nécessité que la patiente soit informée sur les modalités d’utilisation et de surveillance d’un pessaire.
  • Peut être envisagé à visée diagnostique (si le lien entre symptômes et prolapsus n’est pas certain).
  • Plusieurs types de pessaires existent : le choix de la forme et de la taille est à adapter au type de prolapsus, à la morphologie de la patiente et à sa capacité à le manipuler seule.
  • Préférer les modèles en silicone plutôt qu’en latex.
  • Une utilisation occasionnelle est possible si la patiente n’en a besoin que pour des activités ponctuelles.
  • Une œstrogénothérapie locale associée pourrait améliorer la tolérance en cas d’atrophie vaginale.

La prise en charge rééducative

  • Est indiquée à visée thérapeutique en première intention, en cas de prolapsus modéré.
  • Peut être associée à la pose d’un pessaire.
  • Le protocole thérapeutique de rééducation est adapté individuellement par le rééducateur en fonction du tableau clinique et de la situation fonctionnelle de la patiente.
  • Doit être régulièrement réévaluée afin d’être adaptée à l’évolution des symptômes.
  • Comprend une éducation visant à limiter l’impact des facteurs de risque et à gérer la gêne liée aux symptômes.
  • Comprend une rééducation spécifique des muscles du plancher pelvien.
  • Comprend des techniques rééducatives visant à gérer les activités quotidiennes ainsi que de l’autorééducation.

Nous remercions la HAS pour son aimable autorisation de reproduction