Comment la cartographie Urkind® se positionne-t-elle dans votre pratique et dans le parcours de la femme enceinte ? J’utilise la cartographie dans le cadre de l’entretien prénatal précoce (EPP), qui est bien souvent le premier contact que j’ai avec les parents qui viennent me consulter. L’EPP, qui est désormais obligatoire, constitue une étape primordiale dans le suivi de la grossesse. C’est un moment privilégié avec les parents. Pendant une heure environ, je prends le temps d’établir un climat de confiance avec eux, de les écouter avec bienveillance. L’objectif premier est de mettre en évidence leurs forces et leurs compétences dans ce projet de naissance. L’EPP est aussi un outil de prévention : il s’agit de mettre au jour les vulnérabilités, les facteurs de risque ou les freins qui peuvent constituer des difficultés pour ce couple-là. La cartographie est un outil centré sur les parents, sur le ressenti de la femme ou du couple. Elle ouvre un espace de communication avec les parents et les rend acteurs du projet de naissance. Leur environnement propre et leur histoire de vie sont pris en compte de façon globale, en abordant différents aspects : médicaux, psychologiques, familiaux et sociaux. La cartographie guide les parents en leur posant la question suivante : « De quoi avez-vous besoin, en tant que parents, pour mener à bien ce projet de naissance, vous sentir en sécurité et disponibles pour accueillir ce bébé ? » Parfois, les parents sont surpris parce qu’ils pensent que la sage-femme va leur dire comment faire… alors qu’elle est là pour les accompagner et leur faire identifier leurs propres ressources et compétences. Pour la sage-femme, la cartographie donne une vision globale et synthétique de la situation, et permet “d’allumer des clignotants” verts, orange ou rouges, selon le ressenti exprimé par la femme ou le couple. Ainsi, en objectivant ce que la sage-femme…
Sur le même thème

« La cartographie est un miroir de nos ressentis »
TweetDans quel contexte avez-vous découvert la cartographie Urkind© ? J’ai découvert ce mot de « cartographie » il y a plusieurs mois, avant d’être enceinte de mon deuxième enfant, en échangeant avec d’autres femmes. Cela m’a intriguée, c’était assez mystérieux pour moi. J’ai compris le concept plus précisément par la suite et cela m’a attirée. Pour ma deuxième grossesse, je savais que la sage-femme que j’avais choisie1, que je connaissais par ailleurs, utilisait la cartographie Urkind©2. Elle me l’a effectivement proposée lors de la consultation du cinquième mois de grossesse. Cela a été une belle découverte pour moi. La cartographie permet de “poser les choses”, de faire un état des lieux de la situation. Elle est comme un miroir de notre vie, de nos ressentis à l’instant T. Elle permet aussi de dire : « Ça va bien ! » alors que bien souvent, si l’on ne se pose pas la question, on ne s’en rend pas compte… ! Dans notre quotidien parfois stressant, dans notre société où tout va trop vite, la cartographie permet de prendre le temps de se reconnecter à soi-même et à ce bébé qui va naître. Avez-vous trouvé cela difficile de répondre aux questions ? Comment vous êtes-vous sentie ? Les questions soulèvent parfois des émotions fortes, mais cela fait du bien de se lâcher, de se libérer quand on se sent submergée. Le sujet des relations avec mon père, par exemple, a été un peu difficile à aborder et a suscité en moi beaucoup d’émotion. Notre relation n’était pas simple et nous nous étions éloignés l’un de l’autre depuis quelques années. Pendant la grossesse, j’avais ressenti le besoin de lui dire ce que j’avais sur le cœur, et je lui avais “déballé” un certain nombre de choses… Ce n’était pas facile, pour lui comme pour moi. Cela m’a fait du bien d’en parler pendant l’entretien […]


À la vie, un film sensible sur le post-partum et la place des sages-femmes
TweetVous avez choisi de ne suivre qu’une sage-femme. Pourquoi Chantal Birman ? Aude Pépin : L’idée du film est née en 2018, lors d’un plateau de l’émission des Maternelles avec Chantal Birman au sujet de la dépression du post-partum. J’ai eu la conviction de rencontrer une grande dame, aux idées claires et fortes, de la trempe d’une révolutionnaire ou d’une avant-gardiste. J’avais aussi été marquée par son livre Au monde, ce qu’accoucher veut dire. Il ne s’agit pas d’une femme qui cherche la lumière, mais qui porte des idées vers la lumière. Sur les 104 heures de rushs, je n’ai pas conservé les passages où Chantal exprime ses idées. Car un film trop bavard est contre-productif. Il est plus parlant de voir ses idées en action dans son rapport aux femmes, à une étudiante sage-femme en stage ou dans d’autres situations de la vie. Pourquoi avoir décidé d’une sortie en salles de cinéma ? Aude Pépin : Je veux que le public puisse regarder les femmes dans leurs premiers instants en tant que mères, pour leur redonner leur force et leur grandeur. Leur accorder ce temps sur grand écran, pendant un peu plus d’une heure, me paraît indispensable. Face à la télévision, on peut être distrait et détourner le regard. J’espère que le film pourra aussi susciter des débats et des échanges. J’ai moi-même vécu cette fragilité des premiers jours avec un bébé, après la sortie de la maternité. Je souhaitais à la fois montrer au grand public ces instants fondamentaux en post-partum et les problématiques des femmes, dans leur intimité. Le film ne traite pas de la dépression du post-partum, mais de cette zone grise d’adaptation. Quand l’idée du film a germé, la notion de post-partum était inconnue du grand public, réservée aux spécialistes. Depuis, plusieurs voix se sont exprimées à ce sujet sur...



Une conquête inachevée : le droit des femmes à disposer de leur corps [1]
TweetEXPOSÉ Alice*, 35 ans, a accouché par césarienne il y a deux mois de son cinquième enfant. Elle consulte pour un bilan périnéal, car elle souhaite savoir « où elle en est de son périnée ». ANAMNËSE Infirmière de formation, Alice ne travaille pas. Ses quatre premiers enfants sont nés par voie basse (2007, 2008, 2013, 2015). Le premier accouchement a nécessité le recours aux forceps, avec épisiotomie. Pour les autres, Alice a eu des déchirures périnéales. Les enfants pesaient entre 2800 et 3200 grammes. Dans les antécédents d’Alice, on retrouve : la mise en place de prothèses mammaires en 2011 ; une demande de ligature des trompes, en 2015, à l’âge de 30 ans, refusée au motif qu’elle était « trop jeune ». Le couple choisit alors d’utiliser des préservatifs ; la consultation d’un chirurgien urologue pour dyspareunie, après adressage par le gynécologue, en 2018. Compte tenu d’une colpocèle postérieure de stade II, d’une colpocèle antérieure de stade I et d’un diastasis des muscles releveurs, elle bénéficie d’une colpopérinéorraphie postérieure sous anesthésie générale, associée à une cure de béance vulvaire. « Le résultat anatomique est favorable avec disparition des symptômes », note le chirurgien urologue à distance. La question de la contraception n’est pas abordée par le chirurgien avant, pendant ou après l’intervention. Fin 2019, Alice est enceinte de son cinquième enfant. Le couple souhaite poursuivre la grossesse. À cinq mois de grossesse, interrogé quant à la pertinence d’une césarienne prophylactique, le chirurgien urologue confirme qu’ « un nouvel accouchement par voie vaginale ferait courir un risque très élevé de récidive anatomique ». Il lui « semble effectivement préférable d’épargner le périnée de cette patiente, et ce d’autant que la réparation avait montré des tissus très cicatriciels et extrêmement fragiles ». Une césarienne est donc programmée à 38 SA + 3 jours. Celle-ci se déroule en août 2020 sans problème. Lors de la consultation, Alice décrit l’impression […]