Nouvelle donne en salle de naissance

De l’admission de la patiente jusqu’à l’accueil du nouveau-né, toutes les pratiques cliniques au cours d’un accouchement normal ont été revues. Parce qu’elles concernent plus de la moitié des femmes qui accouchent chaque année, les nouvelles recommandations de la Haute Autorité de santé sont d’une importance majeure pour les professionnels de la périnatalité.

« Vous démontez tout ce qu’on a appris ! C’est assez déroutant ! » Début décembre 2017, dans le vaste amphithéâtre du Grand Palais de Lille, ce congressiste est perplexe. Il s’adresse à quelques membres du groupe de travail qui a oeuvré plus d’un an sous l’égide de la Haute Autorité de santé (HAS) pour élaborer des recommandations de bonne pratique intitulées « Accouchement normal : accompagnement de la physiologie et interventions médicales » (voir page 22). Elles viennent juste de lui être présentées dans le cadre des dernières journées du Collège national des gynécologues-obstétriciens français (CNGOF). Plus de 3200 personnes y ont assisté. Un accouchement « normal », c’est quoi exactement ? Comment faut-il le prendre en charge ? Que faut-il faire ou ne pas faire ? À quel moment ? De l’admission dans l’établissement (maternité ou maison de naissance) jusqu’à l’accueil du nouveau-né, en passant par tous les stades du travail, les spécialistes ont revu l’ensemble des pratiques cliniques au prisme de la littérature scientifique et de leur expertise. Une tâche d’ampleur. « Chacune des questions traitées aurait pu faire elle-même l’objet d’une recommandation de bonne pratique à part entière », témoigne Karine Petitprez, chef de projet au service des recommandations professionnelles de la HAS, qui a orchestré l’ensemble des travaux.

DÉMÉDICALISER

En insistant sur la démédicalisation de l’accouchement et en redonnant aux patientes et à leurs choix une place centrale, ces recommandations de bonne pratique ont déstabilisé quelques professionnels. Elles n’en étaient pas moins indispensables. « On pratiquait énormément d’interventions inutiles, sans justification scientifique », reconnaît