En février 2019, suite au décès d’un enfant in utero à Die, dans la Drôme, et à la colère contre la fermeture de petites maternités, Agnès Buzyn avait promis « le pack de services “engagement maternité” pour chaque femme dont le domicile se trouve à plus de trente minutes d’une maternité ». Ce pack devait comprendre l’hébergement des femmes et de leur famille en hôtel près de la maternité avant le terme de la grossesse et le remboursement du transport. La ministre de la Santé de l’époque envisageait aussi l’organisation d’une permanence de sages-femmes dans tous les territoires éloignés et la contractualisation avec des sages-femmes libérales pour accompagner 24 heures sur 24 les parturientes en ambulance. En septembre 2019, la Direction générale de l’offre de soins avait mené des consultations pour concrétiser ces annonces.
De multiples propositions étaient sur la table. La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2020, votée à l’automne 2019, a prévu le financement du dispositif, au contour encore mal défini.
Au final, le décret ne prévoit que le remboursement par l’Assurance Maladie de cinq nuitées consécutives, précédent la date du terme, en hôtel hospitalier, et la prise en charge des transports nécessaires. Le texte ne dit rien de l’hébergement des familles, de la garde des aînés et ne concerne au final que les femmes résidant à 45 minutes d’une maternité. C’est donc la déception pour les associations de patientes et les sages-femmes, qui souhaitaient des mesures plus ambitieuses. En 2019, les syndicats de sages-femmes proposaient notamment de préciser le cahier des charges des centres périnataux de proximité et de mieux organiser le parcours de soins des femmes éloignées des maternités. Consulté en 2019, le Collectif interrassociatif autour de la naissance (Ciane) est aujourd’hui indigné. « Les auteurs du texte savent-ils que 15 à 20 % des femmes se mettent en travail après la date probable d’accouchement ? s’interroge Anne Evrard, coprésidente du Ciane. Que proposent-ils pour elles, d’autant que cela fait quelques années que déclencher avant cette date ou à cette date n’est pas recommandé ? » Adrien Gantois, président du Collège national des sages-femmes de France, se dit aussi très déçu. « Nous espérions que l’engagement aille plus loin, avec l’expérimentation de sages-femmes correspondantes du Samu, comme il en existe dans certains départements, dit-il. Deux sages-femmes du Collège étaient missionnées pour travailler ce projet. La refonte des décrets de périnatalité devait aussi permettre de répondre à la question des femmes éloignées des maternités. Le sujet s’est embourbé pour des questions budgétaires et faute de volonté politique. »
■ Nour Richard-Guerroudj
Accouchement inopiné extrahospitalier : les recos de la SFMU
La Société française de médecine d’urgence édite quinze recommandations sur la prise en charge des urgences obstétricales hors maternité. Le texte actualise celui de 2010 et ne recommande plus l’épisiotomie en cas d’accouchement extrahospitalier imminent, par exemple. Reprenant des statistiques de l’Insee de 2017, la SFMU estime à 500 par an le nombre d’accouchements inopinés extrahospitaliers non choisis. Les experts ont planché sur huit thèmes : accouchement imminent, hémorragie du post-partum, menace d’accouchement prématuré, pathologies hypertensives gravidiques, traumatisme, imagerie, arrêt cardio-respiratoire et formation aux urgences obstétricales. Faute de consensus, aucune indication n’est donnée sur la conduite à tenir en cas d’arrêt cardio-respiratoire de la femme enceinte en préhospitalier ou du transfert d’une patiente présentant une hémorragie du post-partum avec signes de gravité.