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Recherche sages-femmes désespérément
L’été est toujours une période tendue en maternité. Chaque fois, il manque des sages-femmes. Mais cette année, la crise fut plus rude. Bien en amont, coordinatrices, sages-femmes et médecins s’en étaient inquiétés et l’avaient fait savoir à la presse grand public. Début juillet, le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes (CNOSF) sonnait l’alarme. « Cette année, pour la première fois, les sages-femmes ne sont pas assez nombreuses pour prendre la relève dans les maternités », notait son communiqué. Le ton était grave, et le CNOSF anticipait des conséquences potentiellement « dramatiques ». En particulier en Île-de-France, mais pas seulement. LA CRISE DE L’ÉTÉ L’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France (IDF) s’était pourtant mobilisée avant l’été. Deux appels à candidatures pour des contrats d’allocation d’études avaient été lancés, le dernier remontant à début juin. Le dispositif permet aux établissements de santé de fidéliser, durant leur dernière année d’études, les étudiants des métiers qui connaissent des tensions. L’ARS leur octroie une allocation forfaitaire en contrepartie d’un engagement de 18 mois en établissement. Cela n’a pas suffi et l’ARS-IDF a dû convoquer une réunion d’urgence le 16 juillet. La crise a concerné la plupart des régions. Même les cliniques privées étaient en détresse, comme la clinique Conti, du groupe Elsan, située à l’Isle-Adam, dans le Val-d’Oise. Elle a lancé un « job dating » le 3 juillet. Les annonces de recrutement se sont multipliées sur les réseaux sociaux. Fin juillet, l’hôpital du Mans recrutait des sages-femmes en CDD. Le 2 juillet, le centre hospitalier Sud Gironde, de Langon, proposait plusieurs contrats longs. Il a dû réitérer son offre mi-août, faute d’être parvenu à recruter. MESURES D’URGENCE Des mesures d’urgence ont bien sûr été prises pour éviter le pire. L’hôpital Antoine-Béclère, à Clamart, dans les Hauts-de-Seine, a fermé 10 lits sur 80 courant juillet. Ici, on a refusé des inscriptions. Là, des consultations de suivi ou […]

Les maternités s’éloignent des femmes
La part des femmes résidant à plus de 30 minutes d’une maternité a augmenté d’un tiers environ entre 2000 et 2017, selon la dernière analyse de données de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé. La situation s’est davantage dégradée dans le sud et l’est du pays. Au niveau national, environ 7 % des femmes se trouvent à plus de 30 minutes d’un établissement. Et entre 1 % et 2 % des femmes en âge de procréer vivent désormais à plus de 45 minutes de la maternité la plus proche, cette part ayant augmenté de 40 % sur la période étudiée. DES OUTILS IMPARFAITS La difficulté de ce genre d’étude réside dans le choix des outils utilisés pour mesurer le temps de trajet. Aucun n’est parfait et la Drees ne s’en cache pas. Ici, elle a estimé les temps de parcours à partir des communes de résidence (quelques femmes pouvant résider à une certaine distance du centre de leur commune), « selon la répartition des femmes sur le territoire administratif et l’adresse exacte des établissements de santé qui disposent d’une autorisation de soins en obstétrique au 31 décembre de l’année considérée », précisent Alice Bergonzoni et Marion Simon, autrices du rapport. Pour estimer le temps de parcours, les chercheuses ont pris en compte l’état du réseau routier en 2018. La durée du trajet théorique peut fortement varier de celle du trajet réel, en fonction de la météo ou des embouteillages, par exemple. Mais « tous ces outils de mesure indiquent une tendance à la hausse de la part des femmes éloignées d’une maternité. L’analyse de l’évolution des temps de trajet théorique étant plus robuste, elle est privilégiée dans cette étude », précisent-elles. PLUSIEURS MOUVEMENTS Sans surprise, c’est la fermeture et la restructuration des établissements qui est à l’origine du constat. Entre 2000 […]

Des « valises maternité » solidaires
D’un point de vue privé, le sort des femmes enceintes et l’avenir matériel des nouveau-nés paraissent stimuler la générosité. De nombreux particuliers et plusieurs entreprises y sont sensibles. La cause fédère aussi une bonne poignée de « personnalités ». Encore tout étonnée, Samra Abaidia-Seddik peut en témoigner. Optimiste, son récit dériderait les plus convaincus des misanthropes. La sage-femme est à l’origine de l’association « Un petit bagage d’amour ». Née en 2016 d’un groupe Facebook, l’organisation fournit aux femmes enceintes en situation de grande précarité une « valise maternité ». De la layette aux couches en passant par le liniment, elle contient tout ce dont une femme a besoin pour accueillir son nouveau-né, et plus encore. Aujourd’hui, l’association Un petit bagage d’amour est presque devenue une multinationale de la solidarité. Si elle fonctionne toujours sur la base du bénévolat, de dons privés, d’ingéniosité et de bouts de ficelle, elle a ouvert plusieurs antennes sur l’ensemble du territoire français, à Lille, Perpignan, Rennes, Reims, Nancy, Strasbourg, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Marseille… Autonomes, ces antennes sont tenues par des sages-femmes ou d’autres professionnelles de santé ou du social, certaines étant retraitées. Un autre « nid » est également en cours d’ouverture à Bruxelles, en Belgique. UN PETIT SAC DE RIEN L’histoire a démarré en trombe, surprenant la fondatrice qui n’en attendait pas tant. À l’époque, elle travaille à mi-temps à la maternité des Bluets, à Paris, et à l’hôpital Mère-Enfant de l’Est parisien, une structure spécialisée dans l’accueil des couples mères-enfants en difficulté psychosociale. Les femmes y sont reçues pendant la grossesse et en post-partum. Il s’agit de consolider le lien mère-enfant et de prendre en charge des femmes abîmées par un handicap ou un parcours de vie chaotique. En février 2016, une mère enceinte de jumelles y est accueillie. Avant, elle dormait dans une cafétéria. « Je fais un monitoring à […]