Docteure Leen Aerts, « Il y a trop peu de recherches sur la douleur du clitoris »

La docteure Leen Aerts, spécialiste en pathologie de la vulve aux Hôpitaux universitaires de Genève, a mené une recherche consacrée à la clitorodynie – ou douleur du clitoris – pour mieux cerner les multiples aspects de cette douleur, encore trop peu reconnue aujourd’hui. Dans cet entretien, publié initialement dans la revue suisse Obstetrica en mai 2022, elle décrit les causes possibles de douleurs au niveau du clitoris et comment elle travaille avec les patientes.

Obstetrica : Comment avez-vous été amenée à travailler sur la douleur du clitoris ? Leen Aerts : Je fais la consultation pathologie de la vulve aux Hôpitaux universitaires de Genève, ainsi que la consultation douleur chronique en gynécologie vulvaire et pelvienne. J’y reçois des patientes avec douleurs du clitoris, et si l’on regarde la littérature, il y a peu de connaissances sur ce sujet. On estime que 10 % des femmes souffrent de douleurs chroniques de la vulve. Le pourcentage des femmes souffrant d’une douleur au niveau du clitoris est inconnu. Les femmes n’osent souvent pas en parler ; déjà, parler de douleur vulvaire peut être compliqué, mais évoquer une douleur du clitoris, c’est encore plus difficile. Et cela concerne des patientes de tous âges, je reçois des femmes de 18 à plus de 70 ans.  Par ailleurs, j’ai travaillé au Canada dans le laboratoire de la professeure Sophie Bergeron sur les douleurs génitales. J’ai collaboré avec le docteur Irwin Goldstein, ancien président de l’International Society for the Study of Women’s Sexual Health et directeur du Centre pour la médecine sexuelle à San Diego. Le docteur Goldstein et moi avons fait une recherche (1) pour regarder parmi les femmes qui venaient à cette consultation de médecine sexuelle le pourcentage de patientes présentant des adhérences du capuchon du clitoris. Le résultat était assez élevé : 23 %.  Vu le fait qu’il y a peu de données scientifiques sur la douleur au niveau du clitoris, j’ai commencé une étude sur ce type de douleur qui contient deux parties : un examen clinique et une IRM pelvienne pour évaluer les facteurs cliniques qui peuvent provoquer la douleur ; un questionnaire pour évaluer l’impact de cette douleur sur la vie sexuelle, le moral et la relation de couple. La docteure Leen Aerts, spécialiste en pathologie de la vulve aux Hôpitaux universitaires de Genève ©…

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