Vous avez enquêté auprès des associations de défense des droits des pères séparés. Pourquoi ce sujet de recherche ? Je n’ai pas d’enfant et mes parents n’ont pas divorcé, mais ce sujet d’étude m’anime. J’aime comprendre comment les rapports sociaux fonctionnent : c’est un des moteurs de ma recherche. Avec une focale : comment les groupes dominants agissent pour conserver leurs privilèges, pour continuer à exercer leur pouvoir. Avant ce livre, j’avais travaillé sur la mise en scène discursive : comment, dans le discours, les hommes mettent en scène leur détresse alors que dans le fond, ils veulent surtout garder le contrôle. En dehors des actions spectaculaires comme dérouler une banderole depuis le sommet d’une grue ou faire du lobby auprès d’élus locaux, ces associations se présentent comme des lieux de parole, de soutien et d’échange. Le mouvement de ces hommes prône dans le discours la défense du droit des enfants, mais les questions d’éducation n’y sont pas souvent discutées, pas plus qu’une revendication d’avoir plus de temps à partager ensemble. Ils revendiquent dans les faits un temps supérieur de responsabilité légale. Si vous aviez informé les associations de votre hypothèse de travail, peut-être ne vous auraient-elles pas reçu. Quel a été votre mode d’investigation ? En France, pour mener des études sociologiques, il n’y a pas besoin de préciser le thème exact de la recherche menée. Il n’y a pas de demande d’autorisation pour la recherche universitaire. Dans d’autres pays, comme au Québec par exemple, la recherche en sociologie s’apparente aux essais cliniques : il est nécessaire de préciser l’objet exact de l’étude et chaque personne questionnée doit signer un consentement éclairé. Ma recherche a été présentée de la manière suivante : « pratique et représentation de la paternité pendant et après la séparation » ; un travail basé sur une analyse de terrain. J’ai utilisé le même cadre…
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Congrès national de la sage-femme libérale – Troyes – 25 novembre 2022
TweetÉthique : entendre les témoignages de mauvaises pratiques, et après ? 1. Présentation de Pour une M.E.U.F. Pour une M.E.U.F. (Médecine Engagée Unie et Féministe) est une association loi 1901 qui regroupe des soignant·es engagé·es dans la lutte contre le sexisme dans le domaine de la santé et du soin. Nos membres sont des soignant·es issu·es de différentes professions : infirmier·ères, psychologues, médecins généralistes et spécialistes, sages-femmes, psychomotricien·nes, orthophonistes, pharmacien·nes, étudiant·es en santé… À Pour une M.E.U.F, nous souhaitons promouvoir la santé de toutes les femmes, ainsi que de toutes les personnes minorisées de genre. Nous luttons pour le développement d’une médecine et d’un enseignement en santé dénués de sexisme envers les patient·es, mais aussi envers les professionnel·les. Nous pensons que le féminisme ne se limite pas aux droits des femmes cisgenres, mais concerne aussi les personnes non binaires et transgenres. Le féminisme que nous incarnons ne se dissocie pas des luttes contre les autres discriminations systémiques : luttes contre le racisme, l’âgisme, le validisme, la grossophobie, la précarophobie, la psychophobie, la LGBTQI-phobie, etc. Parmi nos axes de réflexion variés, les violences obstétricales et gynécologiques (VOG) occupent une place importante dans le paysage du sexisme médical. Nous pensons qu’en tant que spécialité qui prend pour objet le corps des femmes, au sein d’une société fondée sur la domination masculine et au sein d’un système médical profondément patriarcal, la nature même de la relation gynécologique est l’expression d’une hiérarchie sociale oppressive. Face à la multiplication des témoignages de VOG, allant de la négligence aux maltraitances, en passant par des violences physiques ou sexuelles, Pour une M.E.U.F propose aux professionnel·les de santé de se former à l’occasion d’un atelier intitulé “Bientraitance en gynécologie”. 2. Accueillir la parole des patientes Nous pensons qu’il est essentiel de permettre aux personnes soignées de témoigner des mauvaises pratiques médicales qu’elles...




TRIBUNE : Allergies alimentaires et protection de l’allaitement
TweetComité de rédaction Dr Dominique Leyronnas, pédiatre néonatologiste retraité, président de la CoFAM. Dre Suzanne Colson, PhD, sage-femme retraitée, Professeure adjointe honoraire, Canterbury Christ Church University, Membre du conseil administratif et du conseil scientifique de la CoFAM. Marie Courdent, IPDE retraitée, IBCLC, DIULHAM animatrice LLL France, conseil scientifique de la CoFAM. Chevalier de la Légion d’honneur. Dre Julie Hamdan, médecin généraliste, animatrice LLL France, IBCLC, DIULHAM. Vanessa Lasne, consultante en lactation IBCLC, animatrice LLL France. Marie-Xavier Laporte, infirmière, diététicienne-nutritionniste et consultante en lactation (DIULHAM), présidente d’IPA. Dre Mélissa Mialon, PhD, professeure adjointe de recherche, Trinity College Dublin, membre du Groupe d’action des professionnels de la santé contre le parrainage de l’industrie des laits infantiles (PHASFI) de l’Organisation mondiale de la santé. Britta Boutry, PhD, consultante en lactation IBCLC, coordinatrice WBTi, consultante auprès de GIFA. Adriano Cattaneo, épidémiologiste retraité, IBFAN Italie. Signataires ACLP – Association des consultants en lactation professionnels de santé AFCL – Association française des consultants en lactation CoFAM – Coordination française pour l’allaitement maternel Crefam – Centre de recherche, d’évaluation et de formation à l’allaitement maternel FormIndep – Pour une inFormation indépendante en santé https://formindep.fr LLL F – La Leche League France IBFAN France – International Baby Food Action Network La Société française d’allergologie (SFA) suggère de donner 10 ml de « lait premier âge », chaque jour, aux nouveau-nés allaités à risque atopique (c’est-à-dire aux bébés ayant des antécédents familiaux d’allergie). Cette récente recommandation s’applique dès la première semaine de vie, et ce jusqu’à la diversification (1,2). Ainsi, cette introduction de lait industriel servirait, selon la SFA, à prévenir l’allergie aux protéines de lait de vache. Le « lait premier âge », également appelé « préparation pour nourrissons » ou « PPN » contient notamment des protéines du lait de vache. En tant qu’associations et professionnels de santé et/ou de périnatalité, nous dénonçons cette proposition...




La maltraitance en libéral
TweetLes patientes des sages-femmes libérales vivent-elles des violences obstétricales et gynécologiques ? C’est avec courage que l’ANSFL s’est penchée sur la question en février 2019, au moyen d’un questionnaire en ligne à destination des patientes. Le titre du questionnaire ne mentionnait pas les violences obstétricales ou la maltraitance gynécologique, pour éviter les biais de recrutement. Au total, 1444 questionnaires ont été complétés, avec près de 79 % des femmes ayant consulté une sage-femme libérale pour un suivi postnatal, 77 % pour un suivi de grossesse, 64 % pour un suivi gynécologique et 15 % pour un accompagnement d’accouchement à domicile (AAD). Un premier article de synthèse des résultats a été publié à l’hiver 2019 dans La Lettre de l’ANSFL. Le rapport d’enquête complet doit être publié prochainement. DE RARES PRATIQUES INAPPROPRIÉES Qu’il s’agisse de suivi gynécologique ou de grossesse, lors d’un accouchement, en post-partum ou pour une IVG médicamenteuse, les femmes sont dans leur grande majorité satisfaites de leur prise en charge par une sage-femme libérale. Près de 85 % d’entre elles se sont dites « très satisfaites » de l’accompagnement et 10,4 % « satisfaites ». Cependant, 4 % se sont dites « plutôt satisfaites » et moins de 1 % d’entre elles « plutôt insatisfaites », « insatisfaites » ou « très insatisfaites ». Les réponses des femmes insatisfaites ont été analysées pour comprendre ce qui a été perçu comme inapproprié, gênant ou violent. Plus de 99 % des femmes sont contentes de leur suivi gynécologique par une sage-femme libérale. Seules 6 femmes sur 927 ont exprimé une insatisfaction, liée surtout à la douleur ressentie lors d’un frottis ou d’une pose de DIU ou d’un échec de pose. Des femmes rapportent des propos gênants durant le suivi gynécologique sur leur situation personnelle, leur apparence physique, leur poids ou leur contraception. Peu de femmes parmi les répondantes se sont dirigées vers une sage-femme pour une IVG médicamenteuse. Parmi ces 21 femmes, 3 se...