Pensez-vous que les sages-femmes puissent dépister des jeunes filles en situation de prostitution ? Les sages-femmes ont un rôle dans l’accompagnement des jeunes, autour de la contraception, de la gynécologie, de l’orthogénie, y compris dans l’accompagnement des grossesses de jeunes ou de très jeunes femmes qui ne vont pas forcément très bien. C’est important qu’elles s’autorisent à poser des questions. Elles le font déjà pour les violences sexuelles ou la consommation d’alcool. Par ailleurs, ces professionnelles ont un contact avec le corps qui est sans doute plus facile, par rapport à d’autres soignants. En outre, elles s’occupent beaucoup plus du corps sexuel. Elles peuvent sans souci aborder la notion de la vie sexuelle. Il faut évidemment qu’elles soient un peu formées en sexologie et surtout qu’elles restent très bienveillantes avec tous ces publics un peu vulnérables. Ces jeunes filles en situation de prostitution ne sont pas toujours très observantes, avec les conseils comme avec les traitements. Mais presque toutes les sages-femmes, quel que soit leur mode d’exercice, peuvent repérer, dépister. Elles ont un vrai rôle à jouer. Cela sous-entend qu’il faut être capable d’apporter une réponse à la question posée. Pour cela, il faut se construire un réseau. C’est l’une des premières démarches à faire. Dans un premier temps, on peut se tourner vers les associations reconnues comme l’ACPE (Agir contre la prostitution des enfants), qui intervient sur le territoire national et prend en charge les jeunes jusqu’à 21 ans. Pour les plus âgées, on peut solliciter l’Amicale du Nid, qui s’est spécialisée dans les dispositifs d’accompagnement de sortie de la prostitution. Claude Giordanella, sexologue, reçoit des victimes de la prostitution. ® D.R. Quels signaux doivent alerter ? Il va souvent y avoir une chute du travail scolaire. Les fugues à répétition, les IVG et les IST à répétition, les grossesses précoces, vers…
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Rémunérations : l’arbitrage
TweetEn fin d’année dernière, et contre l’avis des syndicats professionnels de sages-femmes, de l’Ufmict-CGT et de la CFTC, les trois grandes centrales syndicales (FO, Unsa Santé Sociaux, CFDT Santé Sociaux) ont signé un protocole d’accord avec le ministère de la Santé à propos d’une revalorisation des salaires des sages-femmes de l’hôpital public (lire Profession Sage-Femme, n° 277, décembre-janvier, page 9). Mais comment cet accord va-t-il se traduire concrètement sur les fiches de paie des soignantes ? Laissés dans l’expectative, les syndicats signataires ignoraient les détails des déclinaisons des propositions gouvernementales dans les grilles salariales jusqu’à ce 25 février dernier. Désormais connues, les applications techniques de cet accord déjà signé doivent encore être soumises au Conseil supérieur de la fonction publique hospitalière. Sans grande conviction, FO et l’Unsa valideront, pressés par un calendrier électoral défavorable. Interrogée, la CFDT étudiait encore le texte. Ensuite, le texte devra passer devant le Conseil d’État, qui en vérifiera la légalité. LA QUESTION DES RETRAITES La prise en compte de l’augmentation de 500 euros annoncée par le Gouvernement dans les calculs du montant des retraites constituait un point d’achoppement, redouté par les syndicats. Aujourd’hui, ils estiment avoir limité la casse. « Seul le traitement indiciaire est pris en compte dans le calcul pour la retraite, explique Jean-Claude Stutz , de l’Unsa Santé Sociaux. Ce n’est pas le cas des primes ni des indemnités. Dans les 500 euros accordés, on compte une part de traitement indiciaire. C’est le complément de traitement indiciaire : le CTI de 183 euros, négocié dans le cadre du Ségur de la santé à l’été 2020. Nous avions exigé qu’il soit pris en compte pour la retraite. Le Gouvernement a mis en place un dispositif spécifique qui le permet. La prime d’exercice médical de 240 euros nets ne sera quant à elle pas prise en compte pour la retraite des fonctionnaires. En revanche,...



« La santé des femmes doit devenir un enjeu politique »
TweetQu’est-ce qui vous a poussée à candidater à la présidence de l’Ordre ? J’étais déjà impliquée, élue de l’Ordre et secrétaire générale au niveau national. Mes collègues m’ont aussi encouragée et je les remercie de la confiance qu’ils et elles m’accordent. Par ailleurs, la situation que nous vivons m’a fortement incitée à poursuivre les actions ordinales. Notre profession est en crise depuis longtemps. Mais cette fois-ci, la crise sanitaire a majoré ce que nous vivons depuis des années. L’hôpital est exsangue, mais c’est tout le système de santé qui va mal. Pour les jeunes sages-femmes notamment, entrer dans la profession dans la situation actuelle n’est pas sécurisant. Les femmes et les sages-femmes ont été les invisibles de la crise sanitaire. Le Ségur a oublié notre profession. J’ai également vécu les annonces du ministre Olivier Véran du 16 septembre 2021 comme une humiliation. La communication politique par la suite a visé à nous décrédibiliser auprès des citoyens en nous faisant passer pour d’éternelles insatisfaites face à des augmentations de salaire présentées comme conséquentes par le Gouvernement. L’idée était de détourner l’attention des citoyens de notre première préoccupation qui est la détérioration de la santé des femmes en France. Le pouvoir politique a aussi souvent évoqué des divisions entre sages-femmes. Elles existent en effet, mais qui peut prétendre à une position systématiquement consensuelle ? Et c’est bien dans les débats que les propositions émergent. Ainsi lors du mouvement de ces derniers mois, nous portions toutes une majorité de revendications identiques. En tant que présidente, je ne ferai pas de miracle face à la crise actuelle et ne serai pas infaillible, mais, avec les autres élues, nous mettrons tout en œuvre pour poursuivre les actions de défense de la profession. Il est parfois reproché à l’Ordre d’aller au-delà de ses missions, notamment en matière de revendications...


Face à la prostitution des mineures
Tweet« Il ne suffit plus de dénoncer, il faut agir ! », invective l’Association contre la prostitution des enfants (ACPE). Lassée de dresser études et constats, l’association aurait-elle enfin été entendue ? Certains spécialistes veulent le croire. Après avoir commandé un rapport sur la question à un groupe de travail, remis en juin dernier, le secrétaire d’État à l’Enfance Adrien Taquet a annoncé en fin d’année dernière le premier plan national de lutte contre la prostitution des mineurs, doté d’une enveloppe de quatorze millions d’euros, dont une partie sera orientée vers la répression des auteurs. Plusieurs développements du plan, comme une campagne de communication ou le déploiement d’une plateforme d’écoute unique, étaient annoncés pour ce mois de mars. Près de 10 000 jeunes, essentiellement des filles, seraient concernés. Souvent repris, ce chiffre oscille entre 7000 et 15 000. C’est à la fois peu et beaucoup trop. Surtout, la donnée est invérifiable. Ce n’est peut-être que la partie émergée de l’iceberg. Pour ces dernières années, certains observateurs soulignent une augmentation du phénomène, qui concernerait des filles de plus en plus jeunes. En parallèle, d’autres évoquent un meilleur repérage. Car si tous les professionnels du monde psychoéducatif et de la santé doivent encore être formés, certains commencent à être mieux armés pour repérer, orienter, accompagner. Les sages-femmes ne sont pas en reste (lire page 22). LE BASCULEMENT Sous-terraine et protéiforme, la prostitution des mineurs concerne surtout des filles, à 90 % au moins selon les quelques études sur le sujet. Les plus jeunes peuvent avoir 12 ou 13 ans, même si les plus nombreuses ont entre 15 et 17 ans. Les associations spécialisées comme ACPE ou Oppelia Charonne prennent les jeunes filles en charge jusqu’à 21 ans, âge jusqu’auquel l’Aide sociale à l’enfance est censée protéger les mineurs et très jeunes majeurs. Le phénomène peut être difficile à repérer et commence souvent l’air...