EXPOSÉ Déborah* consulte pour des douleurs d’allaitement, ressenties depuis la naissance de son fils, âgé de 9 semaines. Elle a déjà consulté de nombreux professionnels sans trouver d’explication. Aucune lésion n’est retrouvée à l’examen clinique, l’observation de la tétée et l’examen de l’enfant ne révèlent pas de trouble anatomique ni de trouble de la succion. Une optimisation de la position afin que le bébé soit plus à plat ventre contre sa maman (méthode « Biological Nurturing » [1]) permet d’augmenter la prise en bouche de l’aréole, mais n’apporte aucune amélioration. L’évaluation analogique visuelle de la douleur est de 8/10, sans qu’aucune intervention n’améliore ce niveau de douleur. Déborah prend une position très crispée durant les tétées, du fait de la douleur. Cela m’amène à rechercher d’éventuelles tensions au niveau dorsal, cervical et pectoral. Toutes ces zones sont relativement tendues après la tétée. Je montre alors à Déborah des exercices à faire avant et entre les tétées afin de détendre les muscles pectoraux et dorsaux et lui propose de consulter pour une prise en charge de ces tensions (kinésithérapie et/ou ostéopathie). Je lui propose aussi de consulter son médecin traitant pour évaluer la possibilité de lui prescrire un dermocorticoïde et de prendre du paracétamol de manière régulière (1 gramme toutes les 6 heures). Nous nous donnons rendez-vous une semaine plus tard afin d’évaluer l’évolution de la situation après la mise en place de ces exercices et traitements. Une semaine plus tard, aucune amélioration n’est observée. Je reprends alors l’anamnèse et découvre que Déborah a toujours eu les seins hypersensibles, y compris lors des relations sexuelles durant lesquelles le fait d’être touchée au niveau des mamelons a toujours été très douloureux. Par ailleurs, Déborah souffre également de vulvodynies depuis plusieurs années. Elle précise que plusieurs médecins lui ont déjà affirmé que « c’était dans la tête », car l’examen…
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Un livre blanc pour convaincre les candidats
TweetCompte tenu de la fin de non-recevoir du Gouvernement face aux demandes des sages-femmes, les organisations professionnelles ont décidé dès fin 2021 de cibler les candidats aux élections présidentielle et législatives pour les sensibiliser à leur cause et aux droits en santé sexuelle et reproductive des femmes. Toutes se sont d’abord fédérées pour rédiger un livre blanc, récapitulant des propositions selon quatre axes : la santé sexuelle, la santé périnatale, les droits des femmes et l’évolution de la formation et de la profession de sage-femme. Intitulé Et si on parlait d’elles ?, il devait être rendu public le 7 mars lors d’une conférence de presse. ANCIENNE DIVISION Cette démarche de longue haleine a fait vivre le consensus entre les organisations jusqu’à ce que la proposition de la sortie de la fonction publique hospitalière soit inscrite dans le texte. Dans la dernière ligne droite de la finalisation du livre blanc, fin février, l’Union nationale des organisations de sages-femmes (UNSSF) et l’Association nationale des sages-femmes libérales (ANSFL) se sont alors retirées du projet pour exprimer ce point de désaccord. « Il semblait initialement qu’un consensus de rédaction était possible autour de l’évolution du statut médical des sages-femmes à l’hôpital sans évoquer ni le maintien ni la sortie de la fonction publique hospitalière, explique l’UNSSF dans un communiqué du 26 février. Le conseil d’administration de l’UNSSF a donc décidé de ne pas cosigner ce livre blanc puisque le contenu n’est pas consensuel. » Ces dissensions ne sont pas nouvelles : tout au long du mouvement de protestation initié il y a un an, les organisations partageaient l’essentiel des revendications tout en achoppant sur la question du futur statut des hospitalières. Pourtant, alors que les grandes grèves de 2001 et 2014 avaient échoué en raison de cette division, les organisations avaient su la minorer devant leurs interlocuteurs en 2021. RAPPORT DE...




Maisons de naissance : un déploiement fragile
TweetDéployer les maisons de naissance, mais très lentement. Telle semble l’option choisie par le Gouvernement. Avec la publication, fin 2021, de trois textes encadrant l’ouverture de nouvelles structures, le Gouvernement suit à la lettre les préconisations du rapport au Parlement remis par le ministère de la Santé en janvier 2020. Ce dernier recommandait d’inscrire dans le droit ce nouveau modèle d’organisation pour le pérenniser. En même temps, le rapport préconisait de limiter le nombre de nouvelles structures, d’éviter un déploiement trop large dans l’immédiat et d’attendre de nouvelles études médico-économiques pour revoir les modalités de financement actuelles. Ainsi, le financement pérenne des maisons de naissance est encore reporté après les élections présidentielle et législatives de 2022, au mieux. LE NERF DE LA GUERRE Pour l’instant, pour couvrir leurs frais de fonctionnement, les maisons de naissance bénéficient toujours d’une enveloppe du fonds d’intervention régional (FIR). Elle est de 150 000 euros lorsque les sages-femmes sont salariées et de 170 000 euros lorsqu’elles sont en libéral, 20 000 euros étant alors destinés à couvrir leurs frais d’assurance professionnelle. L’autre voie de financement repose sur la facturation des actes réalisés par les sages-femmes. Pourtant, le rapport du ministère de la Santé affirmait bien que ces modalités « ne sont pas à même d’assurer la soutenabilité organisationnelle et financière des structures dans la durée ». « Les décrets pérennisant les maisons de naissance sont décevants car rien n’est précisé en matière juridique et financière, témoigne Debohra Saba, usagère et présidente du Collectif des maisons de naissance. Nous espérions des propositions et solutions concrètes et il n’est pas normal que le financement soit fixe et qu’il n’augmente pas en fonction du nombre de naissance. » Le rapport du ministère de la Santé affirmait bien, sur la base des informations fournies par le cabinet d’audit Government Healthcare, que le mode de financement actuel « n’incite pas les...




Rémunérations : l’arbitrage
TweetEn fin d’année dernière, et contre l’avis des syndicats professionnels de sages-femmes, de l’Ufmict-CGT et de la CFTC, les trois grandes centrales syndicales (FO, Unsa Santé Sociaux, CFDT Santé Sociaux) ont signé un protocole d’accord avec le ministère de la Santé à propos d’une revalorisation des salaires des sages-femmes de l’hôpital public (lire Profession Sage-Femme, n° 277, décembre-janvier, page 9). Mais comment cet accord va-t-il se traduire concrètement sur les fiches de paie des soignantes ? Laissés dans l’expectative, les syndicats signataires ignoraient les détails des déclinaisons des propositions gouvernementales dans les grilles salariales jusqu’à ce 25 février dernier. Désormais connues, les applications techniques de cet accord déjà signé doivent encore être soumises au Conseil supérieur de la fonction publique hospitalière. Sans grande conviction, FO et l’Unsa valideront, pressés par un calendrier électoral défavorable. Interrogée, la CFDT étudiait encore le texte. Ensuite, le texte devra passer devant le Conseil d’État, qui en vérifiera la légalité. LA QUESTION DES RETRAITES La prise en compte de l’augmentation de 500 euros annoncée par le Gouvernement dans les calculs du montant des retraites constituait un point d’achoppement, redouté par les syndicats. Aujourd’hui, ils estiment avoir limité la casse. « Seul le traitement indiciaire est pris en compte dans le calcul pour la retraite, explique Jean-Claude Stutz , de l’Unsa Santé Sociaux. Ce n’est pas le cas des primes ni des indemnités. Dans les 500 euros accordés, on compte une part de traitement indiciaire. C’est le complément de traitement indiciaire : le CTI de 183 euros, négocié dans le cadre du Ségur de la santé à l’été 2020. Nous avions exigé qu’il soit pris en compte pour la retraite. Le Gouvernement a mis en place un dispositif spécifique qui le permet. La prime d’exercice médical de 240 euros nets ne sera quant à elle pas prise en compte pour la retraite des fonctionnaires. En revanche,...