Compte tenu de la fin de non-recevoir du Gouvernement face aux demandes des sages-femmes, les organisations professionnelles ont décidé dès fin 2021 de cibler les candidats aux élections présidentielle et législatives pour les sensibiliser à leur cause et aux droits en santé sexuelle et reproductive des femmes. Toutes se sont d’abord fédérées pour rédiger un livre blanc, récapitulant des propositions selon quatre axes : la santé sexuelle, la santé périnatale, les droits des femmes et l’évolution de la formation et de la profession de sage-femme. Intitulé Et si on parlait d’elles ?, il devait être rendu public le 7 mars lors d’une conférence de presse. ANCIENNE DIVISION Cette démarche de longue haleine a fait vivre le consensus entre les organisations jusqu’à ce que la proposition de la sortie de la fonction publique hospitalière soit inscrite dans le texte. Dans la dernière ligne droite de la finalisation du livre blanc, fin février, l’Union nationale des organisations de sages-femmes (UNSSF) et l’Association nationale des sages-femmes libérales (ANSFL) se sont alors retirées du projet pour exprimer ce point de désaccord. « Il semblait initialement qu’un consensus de rédaction était possible autour de l’évolution du statut médical des sages-femmes à l’hôpital sans évoquer ni le maintien ni la sortie de la fonction publique hospitalière, explique l’UNSSF dans un communiqué du 26 février. Le conseil d’administration de l’UNSSF a donc décidé de ne pas cosigner ce livre blanc puisque le contenu n’est pas consensuel. » Ces dissensions ne sont pas nouvelles : tout au long du mouvement de protestation initié il y a un an, les organisations partageaient l’essentiel des revendications tout en achoppant sur la question du futur statut des hospitalières. Pourtant, alors que les grandes grèves de 2001 et 2014 avaient échoué en raison de cette division, les organisations avaient su la minorer devant leurs interlocuteurs en 2021. La majorité…
Sur le même thème

Douleurs persistantes sans cause évidente
TweetEXPOSÉ Déborah* consulte pour des douleurs d’allaitement, ressenties depuis la naissance de son fils, âgé de 9 semaines. Elle a déjà consulté de nombreux professionnels sans trouver d’explication. Aucune lésion n’est retrouvée à l’examen clinique, l’observation de la tétée et l’examen de l’enfant ne révèlent pas de trouble anatomique ni de trouble de la succion. Une optimisation de la position afin que le bébé soit plus à plat ventre contre sa maman (méthode « Biological Nurturing » [1]) permet d’augmenter la prise en bouche de l’aréole, mais n’apporte aucune amélioration. L’évaluation analogique visuelle de la douleur est de 8/10, sans qu’aucune intervention n’améliore ce niveau de douleur. Déborah prend une position très crispée durant les tétées, du fait de la douleur. Cela m’amène à rechercher d’éventuelles tensions au niveau dorsal, cervical et pectoral. Toutes ces zones sont relativement tendues après la tétée. Je montre alors à Déborah des exercices à faire avant et entre les tétées afin de détendre les muscles pectoraux et dorsaux et lui propose de consulter pour une prise en charge de ces tensions (kinésithérapie et/ou ostéopathie). Je lui propose aussi de consulter son médecin traitant pour évaluer la possibilité de lui prescrire un dermocorticoïde et de prendre du paracétamol de manière régulière (1 gramme toutes les 6 heures). Nous nous donnons rendez-vous une semaine plus tard afin d’évaluer l’évolution de la situation après la mise en place de ces exercices et traitements. Une semaine plus tard, aucune amélioration n’est observée. Je reprends alors l’anamnèse et découvre que Déborah a toujours eu les seins hypersensibles, y compris lors des relations sexuelles durant lesquelles le fait d’être touchée au niveau des mamelons a toujours été très douloureux. Par ailleurs, Déborah souffre également de vulvodynies depuis plusieurs années. Elle précise que plusieurs médecins lui ont déjà affirmé que « c’était dans la tête », car l’examen...



« La santé des femmes doit devenir un enjeu politique »
TweetQu’est-ce qui vous a poussée à candidater à la présidence de l’Ordre ? J’étais déjà impliquée, élue de l’Ordre et secrétaire générale au niveau national. Mes collègues m’ont aussi encouragée et je les remercie de la confiance qu’ils et elles m’accordent. Par ailleurs, la situation que nous vivons m’a fortement incitée à poursuivre les actions ordinales. Notre profession est en crise depuis longtemps. Mais cette fois-ci, la crise sanitaire a majoré ce que nous vivons depuis des années. L’hôpital est exsangue, mais c’est tout le système de santé qui va mal. Pour les jeunes sages-femmes notamment, entrer dans la profession dans la situation actuelle n’est pas sécurisant. Les femmes et les sages-femmes ont été les invisibles de la crise sanitaire. Le Ségur a oublié notre profession. J’ai également vécu les annonces du ministre Olivier Véran du 16 septembre 2021 comme une humiliation. La communication politique par la suite a visé à nous décrédibiliser auprès des citoyens en nous faisant passer pour d’éternelles insatisfaites face à des augmentations de salaire présentées comme conséquentes par le Gouvernement. L’idée était de détourner l’attention des citoyens de notre première préoccupation qui est la détérioration de la santé des femmes en France. Le pouvoir politique a aussi souvent évoqué des divisions entre sages-femmes. Elles existent en effet, mais qui peut prétendre à une position systématiquement consensuelle ? Et c’est bien dans les débats que les propositions émergent. Ainsi lors du mouvement de ces derniers mois, nous portions toutes une majorité de revendications identiques. En tant que présidente, je ne ferai pas de miracle face à la crise actuelle et ne serai pas infaillible, mais, avec les autres élues, nous mettrons tout en œuvre pour poursuivre les actions de défense de la profession. Il est parfois reproché à l’Ordre d’aller au-delà de ses missions, notamment en matière de revendications...


Face à la prostitution des mineures
Tweet« Il ne suffit plus de dénoncer, il faut agir ! », invective l’Association contre la prostitution des enfants (ACPE). Lassée de dresser études et constats, l’association aurait-elle enfin été entendue ? Certains spécialistes veulent le croire. Après avoir commandé un rapport sur la question à un groupe de travail, remis en juin dernier, le secrétaire d’État à l’Enfance Adrien Taquet a annoncé en fin d’année dernière le premier plan national de lutte contre la prostitution des mineurs, doté d’une enveloppe de quatorze millions d’euros, dont une partie sera orientée vers la répression des auteurs. Plusieurs développements du plan, comme une campagne de communication ou le déploiement d’une plateforme d’écoute unique, étaient annoncés pour ce mois de mars. Près de 10 000 jeunes, essentiellement des filles, seraient concernés. Souvent repris, ce chiffre oscille entre 7000 et 15 000. C’est à la fois peu et beaucoup trop. Surtout, la donnée est invérifiable. Ce n’est peut-être que la partie émergée de l’iceberg. Pour ces dernières années, certains observateurs soulignent une augmentation du phénomène, qui concernerait des filles de plus en plus jeunes. En parallèle, d’autres évoquent un meilleur repérage. Car si tous les professionnels du monde psychoéducatif et de la santé doivent encore être formés, certains commencent à être mieux armés pour repérer, orienter, accompagner. Les sages-femmes ne sont pas en reste (lire page 22). LE BASCULEMENT Sous-terraine et protéiforme, la prostitution des mineurs concerne surtout des filles, à 90 % au moins selon les quelques études sur le sujet. Les plus jeunes peuvent avoir 12 ou 13 ans, même si les plus nombreuses ont entre 15 et 17 ans. Les associations spécialisées comme ACPE ou Oppelia Charonne prennent les jeunes filles en charge jusqu’à 21 ans, âge jusqu’auquel l’Aide sociale à l’enfance est censée protéger les mineurs et très jeunes majeurs. Le phénomène peut être difficile à repérer et commence souvent l’air...