Exposé Au cours des séances de préparation à la naissance, Louise* exprime son souhait de ne pas allaiter le premier enfant qu’elle attend. En effet, elle appréhende de donner le sein du fait d’importantes cicatrices au niveau de sa poitrine, suite à une chirurgie thoracique cardiaque. Nous abordons alors les différentes options envisageables. Cela inclut l’alimentation au biberon à l’aide de préparations pour nourrisson (PPNRS), ce qui semble être la solution la plus envisagée par Louise. Nous évoquons aussi le don de lait maternel exprimé ou encore la possibilité de donner une première tétée ou quelques tétées à la convenance de la maman. Louise semble très attentive à toutes les propositions, mais reste convaincue qu’elle préférera donner le biberon avec des préparations pour nourrisson (PPNRS). Suite à son accouchement, lorsque sa petite fille Kim* est posée sur son ventre et que Louise observe que son bébé semble chercher le sein, elle ressent l’envie de la laisser faire pour une première tétée. Lors de son installation en chambre et pendant les 24 premières heures, Louise donnera des biberons de préparation pour nourrisson à Kim. Cependant, au bout de 24 heures, elle commence à regretter sa décision, car elle a pu constater que lors de la première tétée en salle de naissance, les cicatrices n’ont pas posé de difficulté particulière. Elle souhaiterait tenter d’allaiter Kim. L’équipe semble déroutée par cette demande inhabituelle d’allaitement après 24 heures d’alimentation artificielle et lui demande de me contacter afin de faire le point sur ce qui est envisageable ou non. Lors de cet entretien téléphonique, nous revenons sur la possibilité d’un allaitement indéterminé. Dans ce cas, Louise sera considérée comme une maman qui n’allaite pas (biberon de PPNRS à sa disposition). Louise et Kim décideront ensemble des tétées au sein ou au biberon. Je lui indique alors qu’il faudra…
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« 4 % à 6 % des femmes sont traumatisées par leur accouchement »
TweetVous avez créé le site internet After Birth Trauma, qui est une mine de renseignements sur le stress post-traumatique post-accouchement. Comment est-il né ? Il y a six ans, l’accouchement de mon premier enfant s’est très mal passé. J’ai cherché à comprendre, à avoir mon dossier médical, à faire une démarche de recours pour avoir des explications. Un peu moins d’un an après mon accouchement, après avoir vu trois professionnels différents, j’ai eu un diagnostic de stress post-traumatique. La psychologue de la maternité n’avait rien vu. Pour elle, il n’y avait pas de problème. J’avais reconsulté à distance et, à nouveau, elle ne voyait pas de problème, car je ne présentais pas de dépression du post-partum ni de problème de relation à l’enfant. Sauf qu’au quotidien, je voyais bien que le sujet de l’accouchement revenait tout le temps, que j’avais tout le temps besoin d’en parler, que je ne comprenais pas ce qu’il s’était passé. Mais pour elle, ce n’était pas problématique. Après mon congé maternité, quand j’ai repris le travail et n’étais alors plus avec mon bébé, les symptômes ont explosé. Car tant que j’étais avec mon bébé, je me mettais au second plan. C’est souvent le cas pour les mères en post-partum. J’ai rencontré un nouveau professionnel qui a posé un diagnostic.Mais je n’ai pas pour autant eu une information globale. Il n’y a pas eu de psycho-éducation, qui se pratique dans d’autres domaines. Il s’agit de comprendre ses symptômes, les comportements modifiés, les interactions avec les autres… Le stress post-traumatique est compliqué et a un impact sur de très nombreuses facettes de la vie. C’est très différent de la dépression du post-partum. Au même moment a éclos le sujet des violences obstétricales. Je me suis alors rapprochée de la vie associative. J’ai rencontré Veronica Graham, que j’évoque sur...

Affaire Daraï : la déflagration
TweetQuatre femmes ont porté plainte contre Émile Daraï, professeur spécialiste de l’endométriose à l’hôpital Tenon, à Paris, dont une pour « viol sur mineur ». En cause, notamment, des touchers rectaux ou vaginaux réalisés avec brutalité, sans information ni consentement des patientes. Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris. Depuis que Flush Magazine et France Info ont publié les premiers témoignages accablants contre le professeur, le collectif Stop lesviolences obstétricales et gynécologiques (@StopVOG.fr), qui a contribué à médiatiser le sujet, dit avoir récolté les récits de près de 140 femmes contre Émile Daraï et une trentaine contre d’autres praticiens de son service. JUSTICE ATTENDUE Émile Daraï a été mis en retrait de ses fonctions de chef de service et d’enseignement par l’AP-HP et l’université de la Sorbonne, le temps d’une enquête interne, en cours. Le professeur assure en revanche toujours des consultations. « Malgré la présomption d’innocence, il serait possible de suspendre ses activités de consultation pour protéger les patientes », estime Sonia Bisch, porte-parole de StopVOG. La procédure judiciaire n’en est qu’à ses prémices. Impossible de dire quelles qualifications le tribunal retiendra. Pour les avocats des victimes, il s’agira de démontrer le viol, qui implique un « acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise », selon la loi. De son côté, l’avocat d’Émile Daraï tentera probablement de démontrer l’absence de caractère sexuel ou d’intentionnalité sexuelle dans ce qui est reproché à son client. À l’hôpital, une pétition en soutien au médecin a été lancée, elle a recueilli 300 signatures. Un groupe Facebook de plus de 200 membres a aussi été lancé par des patientes satisfaites du spécialiste. Pour Anne Simon, enseignante-chercheuse en droit à l’université de la Sorbonne, il est trop tôt pour commenter le cas Daraï. Elle a initié avec...

À Évian, les jeunes sages-femmes à l’honneur
TweetComme chaque année, le Grand Prix Evian des sages-femmes, financé par le groupe Danone, a mis en avant les travaux de fin d’études des sages-femmes récemment diplômées. Les 5 et 6 octobre derniers, en compagnie d’une partie de la fine fleur de la maïeutique, les diplômées de la dernière promotion venues présenter leur mémoire ont passé deux jours dans un hôtel de luxe à Évian. Une expérience un brin anachronique à la veille de la manifestation du 7 octobre dernier pour défendre salaire, statut et conditions de travail des professionnelles de la périnatalité depuis trop longtemps malmenées. Si chaque invité y allait de ses prévisions, revendications et analyses de la situation, certaines anciennes étudiantes ont profité de leur temps de parole publique pour appeler à manifester. Reste que mettre à l’honneur les prémices de la recherche en maïeutique – ce que sont les mémoires de fin d’études – demeure une belle preuve de soutien à la profession. Et un rappel de son indépendance médicale et de sa capacité à produire des connaissances sur la grossesse et l’accouchement, et bien au-delà. Comme chaque année, parmi la dizaine de candidates, six mémoires ont été sélectionnés et présentés devant un jury exclusivement composé de sages-femmes. Une quarantaine d’invités étaient également présents. Outre les enseignantes qui accompagnaient les lauréates, une grande partie des organisations de sages-femmes était représentée. Comme c’est le cas depuis plusieurs années, les jeunes diplômées, qui ont travaillé sur des sujets variés couvrant le champ de compétences des sages-femmes, ont été coachées au cours de plusieurs sessions pour améliorer leurs compétences orales et présenter les enjeux et résultats de leur travail en un laps de temps court. Ainsi, les présentations étaient agréables à écouter, certaines ressemblant même à du stand-up. Au final, à l’occasion de cette trentième édition, deux mémoires ont été primés, via un...