EXPOSÉ Armelle* et Vanessa* nous sont toutes deux adressées par la même gynécologue avec la même interrogation face à leur prolapsus : « Pensez-vous qu’un pessaire cube serait la solution ? » ANAMNÈSE Armelle et Vanessa ont respectivement 51 ans et 55 ans. Toutes deux sont ménopausées. Leur IMC est légèrement au-dessus de la limite supérieure, respectivement de 26 et 27 (1). Toutes deux ont une hypothyroïdie diagnostiquée il y a 12 ans pour Armelle, et il y a 6 ans pour Vanessa. Cette dernière est porteuse d’un méningiome inopérable (car proche de la carotide) pour lequel il lui a été prescrit un traitement de corticoïdes en vue de diminuer l’œdème cérébral. Toutes deux présentent des épisodes réguliers de constipation, depuis deux ans pour Armelle et « des années » pour Vanessa. Toutes deux ont accouché deux fois : premier accouchement par forceps, second spontané, avec épisiotomies pour chaque naissance. Les enfants d’Armelle pesaient 3360 et 3400 grammes. Ceux de Vanessa pesaient respectivement 3700 et 4000 grammes. Toutes deux exercent le métier de coiffeuse. Armelle et Vanessa présentent des ptoses pour lesquelles elles nous sont adressées. Concernant Armelle, il s’agit d’une cystocèle de stade 2, limite 3 associée à une hystérocèle de stade 1 (probablement limitée par la vessie que l’utérus pousse vers l’extérieur) et à une rectocèle de stade 1. Il existe par ailleurs une forte béance vaginale. Du côté de Vanessa, il s’agit d’une urétrocèle de stade 2 qui a tendance à s’extérioriser, poussée par une hystérocèle de stade 2. Elle aussi présente une béance vaginale, mais moindre. La problématique qui touche Armelle est plus avancée que celle de Vanessa, mais cette dernière a déjà bénéficié d’une chirurgie par bandelettes sous-urétrales il y a huit ans. Pour Armelle et Vanessa, le testing des muscles releveurs cote respectivement à 3 et 4. La masse musculaire est bien équilibrée. Leur IMC, rappelons-le, est légèrement au-dessus…
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Crise de la périnatalité : l’ordonnance de l’Académie de médecine
TweetFace à la crise de la périnatalité, l’Académie nationale de médecine propose sa feuille de route détaillée. Son contenu a fuité fin février, contraignant l’Académie à dévoiler son rapport avant son adoption formelle. Portées par le professeur Yves Ville, les recommandations vont dans le même sens que celles du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), rendues publiques mi-novembre 2022 et préconisant des regroupements de maternités. Mais le rapport propose une approche plus globale, allant au-delà de la seule concentration des moyens humains dans les grosses structures. Les départements et régions d’outre-mer faisant face à des problématiques spécifiques, le rapport se concentre sur la France métropolitaine. DIAGNOSTIC SANS APPEL L’Académie de médecine rappelle d’abord les facteurs ayant conduit à la dégradation actuelle. Les budgets consacrés à la périnatalité sont restés quasi identiques depuis la mise en place de la tarification à l’activité, alors que les coûts réels ont augmenté du fait de nouvelles normes de sécurité notamment. Face à cet « effet ciseau » entre les tarifs et les coûts, « la réduction massive des effectifs a été un levier choisi pour obtenir la réduction des coûts et elle s’est aggravée depuis 2009 avec la Loi portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST) », souligne le rapport. S’ajoutent à cela des décisions réglementaires, comme la réduction du temps de travail des soignants ou la limitation des recrutements de praticiens étrangers. Résultats : les maternités de type 2 et 3 saturent, les établissements privés se désengagent de la périnatalité, les métiers du secteur ne sont plus attractifs, les fermetures ponctuelles ou définitives des petites et moyennes maternités s’accélèrent de façon erratique, les indicateurs périnataux sont mauvais et les attentes de la population ne sont pas satisfaites. « L’adoption d’un plan de périnatalité ambitieux est donc une urgence et une...




EXAMEN PELVIEN : DES RPC POUR RASSURER
TweetÀ quelles situations réserver les touchers vaginaux et les examens au spéculum ? La littérature reste pauvre sur le sujet, témoin d’un manque d’intérêt ancien des professionnels concernant une pratique qui met pourtant les femmes mal à l’aise en consultation. Mais un groupe de travail pluridisciplinaire s’est penché sur la question pour émettre des recommandations pour la pratique clinique (RPC). « Des recommandations existaient déjà, éparpillées au sein d’autres RPC thématiques, témoigne le professeur Xavier Deffieux, qui a coordonné le groupe de travail. Mais toutes les situations n’étaient pas englobées et nous souhaitions rassembler les bonnes pratiques pour les rendre visibles, dire comment nous travaillons et rassurer les patientes. » Face au contexte médiatique de plaintes contre le professeur Daraï et de dénonciations des violences gynécologiques et obstétricales, il s’agissait en effet de faire retomber l’inquiétude des femmes et d’harmoniser les pratiques. « Le vécu de l’examen est parfois difficile, certaines femmes le redoutent et évitent la consultation gynécologique, poursuit le professeur de l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart. Nous devions déterminer dans quelles situations l’examen est justifié, pour éviter les examens inutiles et montrer le bien-fondé de la prise en charge. » MOINS DE SYSTÉMATIQUE Les Collèges des gynécologues et obstétriciens, des enseignants de gynécologie obstétrique, des enseignants de gynécologie médicale, des sages-femmes, de la médecine générale, de même que la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale, le Conseil national professionnel de gynécologie et obstétrique et gynécologie médicale et la Société de chirurgie gynécologique et pelvienne, en collaboration avec le Collectif interassociatif autour de la naissance et l’association d’usagers Endofrance ont planché pendant près d’un an pour aboutir à un consensus. Répondant à 26 questions, ils ont étudié l’intérêt clinique de l’examen pelvien dans le suivi gynécologique, pendant la grossesse et le post-partum et pour la prise en charge des maladies gynécologiques. Le toucher vaginal...




Le clitoris, état des lieux pluridisciplinaire
TweetObstetrica – mai 2022, n°5 – Édition Fédération suisse des sages-femmes Autrices : Lucile Doucet, Département de pédiatrie, gynécologie et obstétrique. Hôpitaux Universitaires de Genève. Maeva Badre, Faculté de médecine. Université de Genève. Mirjam Kielholz, Faculté de médecine. Université de Genève. Francesca Arena, Institut Éthique Histoire Humanités. Université de Genève. Patricia Silveira, Faculté de médecine. Université de Genève. Céline Brockmann, Faculté de médecine. Université de Genève. Jasmine Abdulcadir, Département de pédiatrie, gynécologie et obstétrique. Hôpitaux universitaires de Genève. 30 bd de la Cluse. jasmine.abdulcadir@hcuge.ch La rédaction remercie la Fédération suisse des sages-femmes et les autrices pour leur aimable autorisation de reproduction. Le clitoris, organe souvent oublié par les textes contemporains de médecine et notamment par les manuels didactiques, devient un objet paradigmatique s’il est considéré au prisme de l’histoire. SON HISTOIRE Remis au centre par le féminisme occidental contemporain à partir notamment des années 2000 (dans le monde francophone on pense notamment au travail d’Odile Fillod (1), le clitoris a peu bénéficié de travaux contemporains en médecine. Pourtant il est sans cesse (re)découvert par la médecine qui lui octroie à chaque fois des caractéristiques anatomiques et physiologiques. Georg Ludwig Kobelt (1804-1857) est souvent mentionné pour ses dessins du clitoris très détaillés (voir figure 2, p 31), toutefois il n’était pas le premier médecin à se consacrer à l’anatomie de cet organe. D’objet scientifique reconnu… Ce sont surtout les médecins anatomistes des XVIe et XVIIe siècles qui, lors de leurs dissections des cadavres, ont produit des planches sur le clitoris. Nous ne savons toujours pas, car il manque un travail exhaustif sur la question, s’ils étaient les premiers. Nous savons, grâce à la contribution de Mandressi à l’histoire du clitoris, dans son introduction à Le Regard de l’anatomiste.Dissections et invention du corps en Occident (Mandressi, 2003), que déjà au XVIe siècle le clitoris avait été au...