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Différences de salaires entre les métiers : le cas des sages-femmes

Le contenu du travail des sages-femmes est « au moins aussi important que celui des ingénieurs hospitaliers », soulignent Rachel Silvera et Séverine Lemiere. Par conséquent, ces deux professions devraient être rémunérées au même niveau. Alors pourquoi, après 20 ans d’ancienneté, les ingénieurs hospitaliers touchent-ils au moins 400 euros de plus par mois que les sages-femmes ?Selon la loi Roudy de 1983 du Code du travail, « sont considérés comme ayant une valeur égale, les travaux qui exigent un ensemble comparable de connaissances professionnelles consacrées par un titre, un diplôme ou une pratique professionnelle, de capacités découlant de l’expérience acquise, de responsabilités et de charge physique ou nerveuse ». Se basant sur les critères énoncés dans cette loi, les deux économistes comparent le contenu des deux professions et concluent que les travaux des sagesfemmes et des ingénieurs hospitaliers ont une valeur comparable et que l’écart de rémunération ne se justifie donc pas. Des métiers « tout-en-un » La complexité est l’un des traits caractéristiques des métiers du soin : réaliser une multitude de tâches en un temps limité, assurer le bien-être et la sécurité des personnes, supporter les difficultés physiques (postures, bruit, port et manipulation des personnes…) et émotionnelles (souffrance des autres, peur, nécessité de dissimuler ses émotions, etc.). À cela s’ajoutent souvent des fonctions hiérarchiques detype coordination d’une équipe, encadrement d’étudiantes, de stagiaires… Bref, les métiers du soin sont des métiers complexes, qui articulent connaissances théoriques et savoir-faire techniques, sous-tendent de plus en plus de procédures administratives et gestionnaires. On a trop longtemps considéré qu’ils reposaient sur des qualités « innées », « naturelles » et propres aux femmes. Un paradoxe tenace La pandémie de Covid 19 a mis en lumière l’utilité sociale et vitale des professions du « care », du soin et du lien aux autres. Mais […]

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Valérie Dupouey, avec toute la bienveillance possible

Comment avez-vous choisi de devenir sage-femme ? Était-ce par vocation ? Non, pas réellement. En sortant du bac, j’hésitais sur la voie à prendre. Je savais juste que je travaillerais dans la santé. C’est ma soeur qui m’a guidée ! J’ai fait une garde d’initiation à l’hôpital Foch de Suresnes, où j’ai fait mes études par la suite. Cet aperçu du métier de sage-femme m’a emballée et j’ai continué.Diplômée en 1989, j’ai exercé dans plusieurs maternités d’Île-de-France. On m’a ensuite proposé un poste à Jean-Verdier, comme sage-femme en salle de naissance. J’y suis restée une quinzaine d’années. En 2008, j’ai pris une disponibilité d’un an pour partir en mission humanitaire avec Médecins sans frontières (MSF), dans le sud de la Chine, au Guangxi, région limitrophe avec le Viêt-Nam. Le voyage en Chine L’objectif de la mission était de former les accoucheuses traditionnelles dans les villages, afin qu’elles puissent procéder aux accouchements elles-mêmes et sur place. Elles avaient reçu la formation théorique par une sage-femme australienne. Je venais dans un second temps, pour assurer leur formation pratique. Ces villageoises étaient de minorités Miao et Dong. Quand nous arrivions dans les hôpitaux de la région, le racisme à leur égard était tel que nous n’avons même pas pu aller au bout de la mission. Les autres minorités et la majorité Han s’opposaient farouchement à ce qu’elles deviennent autonomes. Ce fut une grosse déception pour moi, mais aussi une expérience fondatrice. Notamment en ce qui concerne l’interruption volontaire de grossesse (IVG).L’accès à l’IVG était libre, en Chine, les patientes venaient à l’hôpital sans rendez-vous. J’ai pu observer le travail d’un gynécologue dans la ville voisine. Quelques minutes à peine après l’entretien, l’IVG était réalisée dans une salle attenante, par aspiration utérine, sans plus de cérémonie ni accompagnement d’aucune sorte. Il n’y avait ni […]

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Rendez-vous médicaux non honorés : une taxe de 5 euros pour les « lapins »

À la discrétion du médecin Interviewé par des confrères de la presse régionale, le Premier ministre précise que la sanction sera à la discrétion du médecin, libre de l’appliquer ou pas. Concrètement, chaque patient donnerait son empreinte bancaire au professionnel de santé ou à la plateforme de prise de rendez-vous. En cas d’absence, le médecin serait libre de prélever la somme ou non. Des réactions mitigées Côté associations d’usagers, on critique cette idée qui vise, non à responsabiliser les patients, mais plus à les culpabiliser. Du côté des soignants, la « taxe lapin » ne fait pas non plus l’unanimité. Certains imputentl’augmentation de l’absentéisme à la part croissante de Doctolib pour la prise de rendez-vous. La plateforme, en effet, ne refuse aucun patient, là où un praticien serait libre de refuser les « lapins récidivistes ».Pressentie pour l’automne, aucune date d’entrée en vigueur de cette mesure n’a été annoncée.

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L’accès restreint à l’avortement entrainerait une augmentationdes placements en famille d’accueil aux États-Unis

En 2022, la décision de la Cour suprême des États-Unis dans l’affaire Dobbs contre Jackson Women’s Health Organization a annulé les protections fédérales en matière de droit à l’avortement. Suite à cela, de nombreux États ont pu en restreindre considérablement l’accès, ou l’interdire purement et simplement. Compte tenu des implications de l’arrêt Dobbs, il était nécessaire d’en comprendre les répercussions sur le système de placement en famille d’accueil américain. Une étude sur plus de quatre millions d’enfants C’est la mission que s’est fixée une équipe de chercheurs du Jama (Journal of the American Medical Association). L’étude de cohorte portait sur plus de quatre millions d’enfants ayant fait l’objet d’un placement familial aux États-Unis entre 2000 et 2020. L’accès restreint à l’avortement a été associé à une augmentation de 11 % des placements en famille d’accueil. Ces résultats étaient particulièrement significatifs pour les enfants noirs et les enfants issus de minorités raciales et ethniques, par rapport aux enfants blancs. Pression accrue sur le système de placement familial Ces résultats suggèrent que la restriction de l’accès à l’avortement accroît la pression sur le « foster care »américain (système de placement en famille d’accueil américain), affectant particulièrement les communautés raciales et ethniques marginalisées et les familles financièrement vulnérables. Il a été démontré que ces placements ont des conséquences à vie pour les enfants et des coûts substantiels pour les États et le gouvernement fédéral. Adkins S, Talmor N, White MH, Dutton C, O’Donoghue AL. Association Between Restricted Abortion Access and Child Entries Into the Foster Care System. JAMA Pediatr. 2024;178(1):37–44. doi:10.1001/jamapediatrics.2023.4738

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Amie : l’IA de Google plus performante qu’un médecin ?

Les progrès récents ont montré les capacités insoupçonnées des modèles de langage à mener des conversations riches, à planifier et raisonner. Dans cette optique, Google Research a développé Amie, un système d’IA optimisé pour le raisonnement diagnostique et les conversations. Amie a été entrainé sur un très grand nombre de situations, puis évalué. Ses performances ont été comparées à celles de vingt médecins de premiers recours, sur de nombreux axes, dont le recueil d’antécédents médicaux, la précision diagnostique et l’empathie.  Des résultats globalement en faveur de l’IA Il en ressort que Amie a réalisé des conversations diagnostiques au moins aussi bien que les médecins.Les patients-tests ont dialogué à l’aveugle, via un chat textuel, sans savoir si leur interlocuteur était un vrai médecin ou Amie. Ensuite, on leur a demandé d’évaluer la qualité de leur consultation. Les médecins ont également été invités à en juger à posteriori, à l’aveugle également.  Il en ressort que l’IA a montré une plus grande précision diagnostique et une performance supérieure sur 28 des 32 axes du point de vue des médecins interrogées.  Sur 24 des 26 axes du point de vue des patients. Parmi ces axes, il y avait le professionnalisme, l’empathie, la précision du diagnostic différentiel, la clarté du dialogue et de la délivrance d’informations.  La prudence reste de rigueur Google invite à la prudence. L’évaluation pourrait sous-estimer la valeur des conversations humaines en conditions réelles, car elle se base sur une interface de chat texte non représentative de la pratique clinique habituelle. De plus, il s’agit là d’une première étape. Transformer le prototype en un outil complètement fiable nécessitera des recherches supplémentaires importantes. Mais dans un monde où l’accès à l’expertise clinique reste limité, une IA conversationnelle empathique, sûre, utile et accessible, est une perspective fascinante.   Research Leads, Google Research, « AMIE: A […]

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Les Français et leur santé : part croissante du numérique

Le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités a dévoilé les conclusions d’une enquête menée auprès d’un échantillon représentatif de 2032 personnes de 18 ans ou plus : les Français utilisent de plus en plus les outils et services numériques en matière de santé. Pour prendre un rendez-vous médical, récupérer des résultats d’examens ou d’analyses, échanger avec l’Assurance Maladie ou la mutuelle, téléconsulter, ou via leurs objets connectés, les Français se tournent de plus en plus vers l’Internet.   L’usage du numérique se banalise 90 % des sondés ont utilisé au moins un service numérique dans ce secteur, en premier lieu pour la prise de rendez-vous.  Une majorité, soit 74 %, voit dans ces outils un moyen d’améliorer le suivi des dossiers médicaux des patients. 72 % pensent qu’il rendra les démarches administratives (prises en charge, remboursements…) plus fluides. Mais des inquiétudes demeurent Certaines préoccupations subsistent, en particulier celles liées au risque que le numérique contribue à une perte d’humanité dans les soins et crée des disparités dans l’accès aux services. Car les Français ne sont pas égaux devant Internet. Certains ne sont pas à l’aise devant leur écran, quand d’autres n’ont simplement pas ou peu accès au réseau. 78 % des sondés redoutent également que leurs datas soient utilisées à des fins commerciales ou fassent l’objet d’un piratage. Mon Espace Santé Autre enseignement de cette étude, l’usage de Mon ­Espace Santé demeure timide au sein de la population et du corps médical. Depuis le lancement du dispositif en janvier 2022, chaque Français dispose d’un espace de stockage de ses données de santé. Si 1 personne sur 2 déclare avoir déjà utilisé Mon Espace Santé, 15 % d’entre elles seulement ont activé leur profil. Les Français sont encore trop nombreux à ne pas en voir l’utilité.   Source : Ministère du Travail, de la Santé […]

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54 % des Français déclarent rejeter les stéréotypes de genre

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a publié les résultats de son enquête annuelle sur les stéréotypes de genre*. Une majorité des Français (54 %) les rejettent, bien que l’adhésion soit plus forte chez les hommes, les personnes âgées, les personnes issues de l’immigration et les pratiquants religieux. Les femmes et les diplômés du supérieur sont plus enclins à les rejeter.  Partage inégalitaire des tâches ménagères En dépit de ces résultats encourageants, l’étude souligne aussi une distribution inégale des tâches ménagères dans les couples. Ainsi, 54 % des femmes déclarent assumer majoritairement les responsabilités domestiques, telles que faire les courses, le nettoyage et s’occuper du linge, contre 7 % seulement des hommes. Cette différence est presque aussi marquée en ce qui concerne les tâches liées à la prise en charge des enfants (comme la préparation des repas, les activités de loisirs et l’éducation), où 46 % des femmes affirment s’en charger principalement, contre 6 % des hommes. Sans surprise, plus les personnes adhèrent aux stéréotypes de genre, moins elles déclarent un partage égalitaire des tâches ménagères dans leur couple.  * La Drees publie, chaque année depuis 2000, une enquête sur la perception des inégalités et l’opinion des individus sur les politiques sociales et de santé. L’étude se déroule auprès d’un échantillon de 4000 personnes, représentatif de la population française âgée d’au moins 18 ans.

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Entretien postnatal précoce (EPNP) Guide pratique 2024

Le CNSF vient de publier son nouveau guide Entretien Post-Natal Précoce (EPNP) qui regroupe un ensemble de conseils pratiques et de lignes directrices essentielles pour les sages-femmes et les médecins. Pour rappel, l’entretien postnatal précoce (EPNP) est obligatoire depuis le 1er juillet 2022. Sa mise en place fait suite aux nombreuses demandes des professionnels et usagères. Elle entre dans le cadre du programme « Les 1000 premiers jours » lancé par l’Unicef et décliné par le Gouvernement français. L’EPNP ne se substitue pas à la consultation postnatale, obligatoire entre la sixième et la huitième semaine du post-partum. Il vient en complément, avec plusieurs objectifs propres : L’EPNP permet d’assurer « une continuité entre le suivi prénatal et le suivi postnatal, et d’éviter une rupture de parcours de soins, notamment pour la femme, une fois l’enfant né ». Le guide pratique 2024 est téléchargeable sur le site du Collège national des sages-femmes de France (CNSF).

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Le respect du droit à l’image des enfants inscrit dans la loi

Connaissez-vous le sharenting, contraction de sharing et de parenting ? C’est le fait pour des parents de publier sur leurs réseaux des contenus relatifs à leurs enfants. Une étude britannique révèle qu’un enfant apparaît en moyenne « sur 1300 photographies publiées en ligne avant l’âge de 13 ans » et « 50 % des photographies qui s’échangent sur les forums pédopornographiques avaient été initialement publiées par les parents sur leurs réseaux sociaux ».  Une fois mises en ligne, les images y sont durablement. Elles peuvent nuire à l’enfant sur le long terme et faire le jeu de cyberharceleurs.  Le 6 février 2024, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité la proposition de loi visant à lutter contre ces dérives. Les détenteurs de l’autorité parentale devront non seulement assurer la sécurité et la santé de l’enfant, mais aussi protéger sa vie privée. 

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Anne Mercadier, sage-femme devenue accoucheuse… d’émotions (2e partie)

Comment as-tu géré la transition sur les plans professionnel et personnel ? En parallèle de mon métier de sage-femme hospitalière, je m’étais formée à l’art du conte pendant cinq ans. C’était uniquement pour me faire plaisir, pas pour en faire ma profession. J’avais tout de même créé mon association, indispensable pour intervenir en médiathèque, signer des contrats avec les municipalités, animer dans les collèges. Avec cette structure juridique, je pouvais développer mon activité de conteuse. Encouragée par mon mari, je me suis jetée à l’eau, et ai eu la chance de pouvoir partir en préretraite grâce à mes trois enfants. Initialement, je ne voulais pas arrêter complètement d’être sage-femme. J’ai essayé l’intérim en salle de naissance… mauvais souvenir. Travaillant souvent les week-ends, je succédais à des collègues épuisées, héritant de dossiers transmis à la hâte dans un environnement inconnu, avec une équipe que je ne connaissais pas. J’étais mal à l’aise, c’était dangereux. De plus, j’ai découvert que ni l’agence d’intérim ni l’établissement ne m’assuraient. Je devais m’acquitter d’une prime annuelle de 2 500 € pour un salaire de 20 €/heure. L’équation financière était insoutenable, ça ne tenait pas debout, j’ai arrêté l’intérim. J’ai tenté l’exercice libéral, mais ça ne collait pas non plus. Dans la configuration qui m’intéressait, c’est-à-dire à temps très partiel, les charges étaient disproportionnées. J’avais calculé que je devais travailler de janvier à septembre, rien que pour les couvrir. Je commençais à gagner de l’argent seulement le dernier trimestre. Bref, sage-femme, c’était à plein temps ou rien. Qu’à cela ne tienne, je serai conteuse ! Avec l’association Les Conteurs de Sèvres, je m’étais formée et j’avais vécu des expériences magnifiques en scolaire, médiathèques et Ehpad. Puis je suis allée conter en Pologne, en Suède, j’ai monté un spectacle de marionnettes, j’ai conté avec un quatuor à cordes, etc. Pour gagner en […]