EXPOSÉ Camille* nous est adressée par un dermatologue et vénérologue, pour une rééducation périnéale dans le cadre d’une prise en charge de vulvodynie apparue il y a quatre ans. Camille a 56 ans et aucun antécédent médical notable. Elle a accouché en 1995 par voie basse d’un enfant de 2600 grammes. Une épisiotomie a été pratiquée à titre systématique, pour présentation du siège. Il n’y a pas eu de rééducation périnéale postnatale, car son périnée était « super tonique ». Camille est orthophoniste. Elle est séparée de son conjoint depuis près de cinq ans. Lors de l’interrogatoire, elle fait le lien entre l’apparition des premières douleurs vulvaires et la séparation. Elle est ménopausée depuis ses 50 ans. Elle est actuellement célibataire. Du fait de violences sexuelles à l’âge de 10 ans, elle avait entrepris une thérapie de type psy il y a de nombreuses années. Elle consulte à nouveau depuis l’apparition de son problème vulvaire. Qu’est-ce que la vulvodynie [1] ? La vulvodynie est un inconfort vulvaire chronique, le plus souvent à type de brûlure, sans cause identifiable. Le diagnostic est souvent porté après plusieurs mois ou années d’évolution, du fait de réticences à consulter de la part des patientes et d’une méconnaissance de la maladie de la part les professionnels de santé. Sa prévalence est estimée à 8 % dans la population générale et elle affecterait environ un quart des femmes à un moment de leur vie. La vulvodynie fait partie des symptômes médicalement inexpliqués (SMI), c’est-à-dire des symptômes ne relevant pas d’une maladie organique identifiable (fibromyalgie, cystite interstitielle/vessie douloureuse, côlon irritable, dysfonction temporo-mandibulaire, syndrome de fatigue chronique, etc.). La moitié des femmes atteintes de vulvodynie auraient au moins deux SMI associés (fatigue chronique, fibromyalgie, etc., NDLR). La vulvodynie, comme certains SMI, tend actuellement à être considérée comme un trouble de la perception et de la modulation du…
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IVG : vers une constitutionnalisation ?
TweetLe vendredi 24 juin, la Cour suprême des États-Unis a révoqué le droit fédéral à l’avortement. Terrible pour les Américaines – dès les jours suivants, l’IVG était interdite dans plusieurs états – l’annonce a entraîné une onde de choc internationale. En France, les féministes et leurs alliés ont organisé plusieurs manifestations et les politiques se mobilisent. Plusieurs députées, de divers bords, ont annoncé vouloir constitutionnaliser ce droit. Des projets ont été déposés en ce sens. Ils aboutiront peut-être à une proposition commune. Soutenue par la première ministre, la démarche tranche avec le précédent refus d’Agnès Buzyn, ministre de la Santé du premier gouvernement Macron, qui avait rejeté un projet similaire en 2018. SANCTUARISER L’IVG L’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution française serait une façon de le « sanctuariser ». Mais cela prendra du temps, des débats à l’Assemblée nationale et au Sénat et peut-être un référendum. Au Sénat aussi, des parlementaires s’apprêtent à déposer un texte, sous la houlette de la sénatrice et ancienne ministre des droits des femmes Laurence Rossignol. Comme de nombreuses associations, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) a également rappelé « l’urgence d’inscrire le droit à l’avortement dans notre constitution française, pour le reconnaître enfin comme un droit fondamental et humain », une démarche soutenue par 81 % des Français, selon un récent sondage Ifop. Le HCE souhaite aussi inscrire ce droit dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne et « harmoniser les conditions et les délais légaux pour avorter, au sein de l’Union européenne, sur ceux des états membres les plus progressistes ». UN DROIT MENACÉ D’autres acteurs estiment que ces démarches ne sont pas nécessaires, la France n’étant pas les États-Unis. Si la situation est effectivement différente, ici aussi, les anti-choix connaissent un regain de vivacité. Nombreux et organisés, ils œuvrent de façon...



Les subtilités du secret professionnel
TweetToutes les sages-femmes inscrites au tableau de l’Ordre ainsi que toutes les étudiantes sages-femmes sont tenues au secret professionnel (article L1110-4 et articles R4127-303 et suivants du Code de la santé publique). Il couvre « tout ce qui est venu à la connaissance de la sage-femme dans l’exercice de sa profession, c’est-à-dire non seulement ce qui lui a été confié, mais aussi ce qu’elle a vu, entendu ou compris ». La sage-femme doit veiller à ce que les personnes qui l’assistent respectent le secret, ainsi qu’à la confidentialité de ses dossiers médicaux. DÉROGATIONS ET CAS D’ESPÈCE La sage-femme peut toutefois révéler des informations en principe secrètes dans certaines situations. Lorsqu’elle se trouve en présence d’une femme ou d’un nouveau-né en danger immédiat ou qu’elle est informée d’un tel danger, la sage-femme doit alors lui porter assistance ou s’assurer que les soins nécessaires sont donnés. Lorsqu’elle discerne qu’une femme auprès de laquelle elle est appelée ou son enfant est victime de sévices, elle doit alors mettre en œuvre les moyens les plus adéquats pour les protéger en faisant preuve de prudence et de circonspection. S’il s’agit d’un enfant mineur ou d’une femme qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son état physique ou psychique, la sage-femme doit, sauf circonstances particulières qu’elle apprécie en conscience, alerter les autorités judiciaires, médicales ou administratives. Enfin, la sage-femme est autorisée à révéler des informations confidentielles pour se défendre, si elle fait l’objet de poursuites pénales. Les informations divulguées doivent être strictement nécessaires à sa défense, et uniquement indiquées aux magistrats ou aux services de police. Le Conseil de l’Ordre des sages-femmes est régulièrement saisi de plaintes à l’encontre de sages-femmes, déposées par des compagnons de femmes suivies, qui estiment que la sage-femme a violé le secret médical. Il peut...


« La situation appelle des réponses globales »
TweetL’Engagement Maternité a été détaillé par circulaire. Que pensez-vous des dispositions prises ? Nicolas Dutriaux : Le pack « ngagement Maternité » réduit à peau de chagrin les propositions faites en groupe de travail sur la question des femmes éloignées des maternités. Toutes les femmes n’accouchent pas à 40 semaines d’aménorrhée. Et combien de femmes accepteront de laisserlongtemps leurs aînés pour se rendre dans l’hébergement proposé, et qu’en est-il de la présence du coparent dans ce processus ? De plus, les mesures prévues ne tiennent pas compte de l’augmentation des interventions d’urgence pour motifs obstétricaux et gynécologiques en dehors de l’accouchement lui-même. En réalité, le « pack » proposé ne répond pas aux enjeux actuels. Par ailleurs, la circulaire estime que 394 maternités sont concernées, alors que l’on se doute que de nombreuses maternités vont encore fermer ou « fusionner », faute d’effectifs suffisants, quel que soit le nombre d’accouchements réalisés. Dès 2014, sous le ministère de Marisol Touraine, avec le nouveau statut des sages-femmes, le nombre de sages-femmes coordinatrices, ajouté à celui des directrices des facultés de maïeutique, avait été estimé à 350, à raison de 1 par établissement. Cela donnait déjà une idée du nombre de maternités que le Gouvernement imaginait fermer à terme ! L’offre va se réduire dans le privé comme dans le public et les grands centres se multiplier. Mais les 350 établissements restants ont-ils tous la capacité d’accueillir 4000 accouchements par an ? Il n’y a aucune anticipation de ce mouvement ni de ses répercussions ! Nous avons tendance à copier des modèles étrangers de regroupement des accouchements dans de grands centres, sans nous en donner les moyens. Par exemple, en Grande-Bretagne, cinq lieux d’accouchement sont prévus, avec des filières d’accès spécifiques pour chacun et des équipes dédiées : à domicile, en maison de naissance, en filière physiologique à l’hôpital, en filière standard et en filière pathologique. De notre côté, nous...