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« Peut-être bien que oui, peut-être bien que non »

Exposé Au cours des séances de préparation à la naissance, Louise* exprime son souhait de ne pas allaiter le premier enfant qu’elle attend. En effet, elle appréhende de donner le sein du fait d’importantes cicatrices au niveau de sa poitrine, suite à une chirurgie thoracique cardiaque. Nous abordons alors les différentes options envisageables. Cela inclut l’alimentation au biberon à l’aide de préparations pour nourrisson (PPNRS), ce qui semble être la solution la plus envisagée par Louise. Nous évoquons aussi le don de lait maternel exprimé ou encore la possibilité de donner une première tétée ou quelques tétées à la convenance de la maman. Louise semble très attentive à toutes les propositions, mais reste convaincue qu’elle préférera donner le biberon avec des préparations pour nourrisson (PPNRS). Suite à son accouchement, lorsque sa petite fille Kim* est posée sur son ventre et que Louise observe que son bébé semble chercher le sein, elle ressent l’envie de la laisser faire pour une première tétée. Lors de son installation en chambre et pendant les 24 premières heures, Louise donnera des biberons de préparation pour nourrisson à Kim. Cependant, au bout de 24 heures, elle commence à regretter sa décision, car elle a pu constater que lors de la première tétée en salle de naissance, les cicatrices n’ont pas posé de difficulté particulière. Elle souhaiterait tenter d’allaiter Kim. L’équipe semble déroutée par cette demande inhabituelle d’allaitement après 24 heures d’alimentation artificielle et lui demande de me contacter afin de faire le point sur ce qui est envisageable ou non. Lors de cet entretien téléphonique, nous revenons sur la possibilité d’un allaitement indéterminé. Dans ce cas, Louise sera considérée comme une maman qui n’allaite pas (biberon de PPNRS à sa disposition). Louise et Kim décideront ensemble des tétées au sein ou au biberon. Je lui indique alors qu’il faudra […]

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Une conquête inachevée : le droit des femmes à disposer de leur corps [1]

EXPOSÉ Alice*, 35 ans, a accouché par césarienne il y a deux mois de son cinquième enfant. Elle consulte pour un bilan périnéal, car elle souhaite savoir « où elle en est de son périnée ».  ANAMNËSE Infirmière de formation, Alice ne travaille pas. Ses quatre premiers enfants sont nés par voie basse (2007, 2008, 2013, 2015). Le premier accouchement a nécessité le recours aux forceps, avec épisiotomie. Pour les autres, Alice a eu des déchirures périnéales. Les enfants pesaient entre 2800 et 3200 grammes.  Dans les antécédents d’Alice, on retrouve : la mise en place de prothèses mammaires en 2011 ; une demande de ligature des trompes, en 2015, à l’âge de 30 ans, refusée au motif qu’elle était « trop jeune ». Le couple choisit alors d’utiliser des préservatifs ; la consultation d’un chirurgien urologue pour dyspareunie, après adressage par le gynécologue, en 2018. Compte tenu d’une colpocèle postérieure de stade II, d’une colpocèle antérieure de stade I et d’un diastasis des muscles releveurs, elle bénéficie d’une colpopérinéorraphie postérieure sous anesthésie générale, associée à une cure de béance vulvaire. « Le résultat anatomique est favorable avec disparition des symptômes », note le chirurgien urologue à distance. La question de la contraception n’est pas abordée par le chirurgien avant, pendant ou après l’intervention. Fin 2019, Alice est enceinte de son cinquième enfant. Le couple souhaite poursuivre la grossesse. À cinq mois de grossesse, interrogé quant à la pertinence d’une césarienne prophylactique, le chirurgien urologue confirme qu’ « un nouvel accouchement par voie vaginale ferait courir un risque très élevé de récidive anatomique ». Il lui « semble effectivement préférable d’épargner le périnée de cette patiente, et ce d’autant que la réparation avait montré des tissus très cicatriciels et extrêmement fragiles ». Une césarienne est donc programmée à 38 SA + 3 jours. Celle-ci se déroule en août 2020 sans problème.  Lors de la consultation, Alice décrit l’impression […]

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Handi CAP vers la maternité fédère les professionnels

« C’est notre cœur de métier ! En tant que sages-femmes, nous devons accompagner toutes les patientes, les couples, les nouveau-nés, dans le respect du souhait de leur projet, que les femmes soient ou non en situation de handicap. » Sage-femme coordinateur au Groupement des hôpitaux de l’Institut catholique de Lille, Mathieu Rossi est ravi de la mise en place d’un parcours dédié aux femmes enceintes en situation de handicap. « C’est un projet fabuleux, poursuit-il. Nous avons essayé d’adapter notre offre au mieux par rapport aux différents types de handicap, qu’ils soient moteurs, visuels, sensoriels, cognitifs… » S’il réserve un meilleur accueil aux patientes, le parcours Handi CAP vers la maternité, mis en place voilà plus de trois ans à la maternité de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul, à Lille, rassure aussi les professionnels. SITUATION CRITIQUE L’histoire débute véritablement en 2014. À l’époque, la maternité fait face à la difficile prise en charge d’une parturiente avec un lourd handicap moteur. L’équipe est déstabilisée. « La situation était très complexe, mais elle a permis aux chefs de service de la maternité et de la médecine physique et de réadaptation de se rencontrer », raconte Émilie Bachary, qui dirige aujourd’hui le service d’accès aux soins pour les personnes handicapées. Un groupe pluriprofessionnel d’une quinzaine de professionnels se constitue : médecins spécialisés dans le handicap, sages-femmes, gynécologues-obstétriciens, infirmiers, aides-soignants, anesthésistes, assistantes sociales, ergothérapeutes, infirmiers… « Et en fonction des situations, nous pouvons faire appel à d’autres compétences en interne, précise la porteuse de projet. Par exemple, dans les situations de handicap psychique, comme des femmes schizophrènes ou bipolaires, nous sollicitons le service de psychiatrie. Pour une mère avec une maladie invalidante, nous appelons le service de neurologie. » À l’entendre, dès le départ, tous les professionnels étaient convaincus et motivés. « Je pense que chacun dans sa pratique avait dû être confronté à une situation de […]

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« Allaiter des jumeaux est plus facile que d’allaiter un seul enfant »

EXPOSÉ Alexandra* me contacte afin d’organiser son suivi à la sortie de maternité, suite à son deuxième accouchement. Elle a donné naissance à des jumeaux à 38 SA, sous péridurale. L’allaitement semble avoir « bien démarré ». Elle a souffert d’un engorgement important à la maternité. Elle souhaite ardemment un soutien à l’allaitement car l’un des deux enfants a perdu plus de 10 % de son poids de naissance et semble avoir des difficultés à recevoir tout le lait dont il aurait besoin. Il reçoit des compléments à l’aide de préparations pour nourrissons (PPNRS). Il s’endort très vite au sein, alors que son frère semble plus vigoureux et a déjà repris 20 grammes à J4. Je rencontre donc Alexandra à J6, le lendemain de sa sortie de maternité. Les deux enfants ont repris du poids mais l’un des deux doit être complété et réveillé toutes les trois heures pour être alimenté. Alexandra m’indique sa grande inquiétude quant à sa possibilité d’allaiter exclusivement des jumeaux car elle n’a pas eu suffisamment de lait pour son ainé, deux ans auparavant. Elle l’avait sevré au cours du deuxième mois car sa production lactée semblait très insuffisante et son bébé recevait des compléments depuis la maternité. Son pédiatre lui avait alors signifié une production insuffisante et elle n’a jamais réussi à augmenter sa production malgré des tétées « fréquentes » toutes les 3 à 4 heures. Alexandra ne présente aucun antécédent médical particulier ; l’examen clinique et l’examen mammaire semblent normaux. Compte tenu de l’inquiétude d’Alexandra, persuadée qu’elle est incapable de fournir assez de lait à deux enfants alors qu’il ne lui pas été possible d’allaiter un singleton, j’aborde le sujet en utilisant des outils de communication visant à rendre la maman actrice des décisions d’action (« empowerment »), sans lui apporter des solutions sous la forme de conduite à tenir. En effet, les études […]

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La stratégie nationale contre l’endométriose débute lentement

Des sages-femmes « référentes », faisant office de « premier recours » dans la prise en charge de l’endométriose, sur l’ensemble du territoire national ? Ce pourrait être bientôt une réalité, à en croire des informations récentes. Le Président de la République pourrait d’ailleurs l’annoncer lui-même, courant septembre, selon un engagement du ministre de la Santé. Il l’a affirmé début juillet, lors d’une réunion avec le groupe de travail dédié auquel participait Yasmine Candau, présidente de l’association de patientes EndoFrance. « Il était temps que le problème de l’endométriose soit enfin pris à sa juste valeur, commente-t-elle. On espère des choses concrètes, et pas seulement des annonces à effet de communication. Mais nous progressons, car nous bataillons depuis 2005. Nous avons rencontré pour la première fois un ministre en 2019, et cette fois en 2021. Nous avons l’impression d’avoir été entendues et j’ai envie d’y croire. »  L’endométriose touche en effet une femme sur dix, entre 1,5 et 2,5 millions de femmes en France ! Or, comme le rappelle Yasmine Candau, « le décret qui annonce l’intégration de l’endométriose dans les études de second cycle de médecine n’est paru qu’en septembre 2020. Avant cela, et malgré le fait que nous le demandions depuis 2005, les médecins entendaient parler d’endométriose seulement pendant 20 minutes au cours de leurs 7 années de formation. On comprend qu’ils puissent passer à côté du diagnostic ! Cette première aberration a été corrigée en septembre 2020 et les premiers cours sur l’endométriose ont été donnés aux étudiants de médecine à partir de janvier 2021. Mais ces médecins sortiront d’étude en 2028. En attendant, ça ne va pas résoudre le délai de diagnostic. Il faut agir auprès des professionnels actuellement en exercice ».  STRATÉGIE NATIONALE Il faut dire que la stratégie nationale contre l’endométriose, initiée par Agnès Buzyn en 2019, a pris du retard. La crise sanitaire liée au Covid-19 y a […]