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Entretien avec Alice Olivier : « Au sein des études de sage-femme, les hommes maintiennent leurs privilèges de genre »Entretien avec Alice Olivier :

Pourquoi vous êtes-vous intéressée aux étudiants hommes, qui font exception dans les écoles de sages-femmes ? Je viens de la sociologie de l’éducation et du genre. Je m’intéressais aux orientations atypiques au niveau du genre. De nombreuses recherches ont montré que les femmes et les hommes font des choix d’orientation différents. D’autres travaux avaient été menés sur l’orientation des femmes vers des professions très masculinisées, mais peu l’inverse. C’est pourquoi j’ai souhaité enquêter sur les hommes au sein de filières très féminisées. La maïeutique représente bien un métier associé aux femmes, d’autant que la profession était fermée aux hommes jusqu’en 1982. L’assistance sociale a aussi une histoire et des caractéristiques associées aux femmes. Mon hypothèse était que ces formations seraient une bonne loupe pour mettre à jour des dynamiques de genre. C’est seulement par la suite que je me suis rendu compte que les médias s’intéressaient souvent aux hommes sages-femmes et que cet intérêt interrogeait les sages-femmes. Qu’avez-vous observé lors de votre enquête ? Un résultat important est mis en avant dans le titre du livre : dans les formations très féminisées, les hommes se distinguent des femmes. Cette idée de distinction renvoie d’abord à leur rareté, qui les rend visibles. Se distinguer implique aussi de se différencier et d’être valorisé. J’ai constaté que les étudiants tirent des bénéfices de leur genre au sein de la formation. Par exemple, au sein des promotions, ils adoptent souvent le rôle de porte-parole. Ils sont surreprésentés dans les associations étudiantes, ou lorsqu’il s’agit de négocier des choses avec les enseignantes. Cela fait écho à ce que l’on retrouve plus tard sur le marché du travail, où les hommes sont plus nombreux dans les rôles de représentation. Ils prennent des rôles visibles.  Autre exemple : plusieurs étudiants ont eu une proposition d’emploi avant la fin de leur formation. C’est […]

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La Sage-femme du roi

« Comme il faut qu’il sorte vite, le ptiot, moi je fais sauter la mère tant qu’elle peut. Ça décroche son fruit. » Au XVIIIe siècle, les matrones ont des techniques bien à elles pour accompagner les naissances. Ces femmes n’ont eu comme formation que leurs propres accouchements. La mortalité maternelle et infantile est très élevée dans les campagnes françaises. Sans compter les nombreux enfants malformés. En ville, spécialement à Paris, la situation est un peu différente. Des sages-femmes formées exercent, mais elles sont peu nombreuses et se heurtent aux chirurgiens pour qui les naissances représentent un marché juteux : ils se font rémunérer trois fois plus que les sages-femmes. D’ailleurs, la bande dessinée s’ouvre sur un exploit de ces nouveaux obstétriciens. En 1747, dans l’amphithéâtre de l’Académie royale de chirurgie, plusieurs dizaines de chirurgiens aux perruques poudrées assistent à la démonstration d’un nouvel outil : le forceps. Pour les besoins de l’exposé, une parturiente accouche en public. Placée en position gynécologique, elle est sanglée sur une table. Le décor est planté. Plus tard, Angélique du Coudray, une sage-femme reconnue qui forme des apprenties, rencontre au cours d’une soirée le philosophe et scientifique Denis Diderot. En pleine écriture de son encyclopédie, il refuse la contribution de la sage-femme. Pour lui, les femmes ne savent pas écrire. Surtout, les sages-femmes représentent le passé, quand les nouveaux accoucheurs sont l’avenir et la science. Lassée par ce climat, Angélique du Coudray finit par accepter la proposition du baron de Thiers. Sensibilisé par son épouse au drame de la mortalité maternelle et néonatale qui décime sa province reculée, où n’exercent que des matrones, ce dernier la presse de l’y rejoindre. En octobre 1751, au terme d’une semaine de voyage, Madame du Coudray arrive au cœur de l’Auvergne. Elle s’y heurte à la méfiance et à la superstition, ainsi […]

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QUAND LES SAGES-FEMMES FONT LEUR PPL

Il est d’usage que des professionnels soumettent des propositions aux élus de la nation, soit directement sous forme d’amendements pré-rédigés, soit lors d’auditions parlementaires. Il est moins classique qu’un groupe professionnel rédige une proposition de loi entière. Dénonçant l’état préoccupant de la périnatalité, de la santé des femmes et de la situation des sages-femmes, les syndicats et associations de sages-femmes ont pris le parti de le faire. Le texte a été rendu public le 5 mai dernier, à l’occasion de la Journée internationale des sages-femmes. Une campagne visuelle a aussi été déclinée sur les réseaux sociaux pour faire connaître l’initiative. DES PROPOSITIONS AMBITIEUSES L’Anesf, l’ANSFC, l’ANSFL, l’ANSFT, la CNEMa, le CNSF, l’ONSSF, l’UNSSF et l’Ordre des sages-femmes se sont mis d’accord sur pas moins de 22 articles. Seules la Société française de maïeutique, peu active et peu visible, et l’Association pour l’accompagnement de l’accouchement à domicile (Apaad) n’ont pas signé le texte. Alors que les divisions entre organisations ont desservi la profession jusqu’ici, la publication de cette proposition de loi (PPL) est une affirmation publique d’union. Dans la lignée du Livre blanc des sages-femmes, le texte propose d’abord de demander un rapport sur la santé sexuelle et reproductive des femmes, préalable à la tenue d’États généraux sur ce thème. Pour améliorer la santé des femmes, elle demande que chaque projet régional de santé comporte un volet dédié à la santé génésique des femmes. Elle plaide notamment pour la mise en place de trois rendez-vous de santé sexuelle aux différents âges de la vie, la création de consultations de gynécologie adaptées pour les personnes en situation de handicap, l’élargissement de la durée de l’assurance maternité à 100 % pour y intégrer les entretiens prénataux et postnataux, le remboursement à 100 % des consultations post interruption -spontanée ou volontaire de grossesse réalisées par une sage-femme. Elle […]

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« Le féminisme doit être une réjouissance », entretien avec Caroline Sahuquet

Quel est votre parcours au théâtre ? J’ai commencé le théâtre à 7 ans, à l’école. Mon professeur de théâtre, Alain Lagneau, était malade. Il souffrait d’alcoolisme. Il est parti en cure de désintoxication lorsque j’avais 12 ans. Je l’ai retrouvé à 17 ans, alors qu’il avait fondé l’association Acthéâtre, où le théâtre était mis au service des malades d’addiction. De là est née mon approche du théâtre comme outil thérapeutique et de résilience. À 20 ans, je jouais sa pièce AL, qu’il a écrite pour aborder l’alcoolisme. Ce théâtre de terrain accompagne les malades, les soignants et la société, qui est poussée à réfléchir. En parallèle, j’ai passé ma licence d’études de théâtre en 2000 et le diplôme d’État de professeur de théâtre en 2010. Ayant commencé à travailler tôt dans des théâtres privés, sans être passée par le conservatoire, je n’avais pas toutes les informations pour percer dans le milieu. Certaines portes me restaient fermées à 22 ans. En 2002, avec Alice Luce, scénariste, nous avons décidé de créer notre structure,Mi-fugue, ­Mi­-raison, pour travailler avec des artistes isolés, les aider à présenter leur travail et à se produire devant différents publics. Il s’agissait aussi de donner une place aux femmes artistes, souvent mal rémunérées dans le milieu. En parallèle, je donnais des cours de théâtre à des malades alcooliques, pour les aider à restaurer leur propre estime et les sortir de leur isolement. En 2005, la compagnie a adopté une vision politique de lutte contre les violences faites aux personnes discriminées. Avec Stéphanie Colonna et Jacques Plaideau, nous avons formalisé une méthode innovante de développement personnel grâce à l’outil théâtral, au service de publics prioritaires. Nous avons proposé des stages de restauration de l’estime de soi. Cette action répondait d’abord à un appel d’offre du Fond social Européen, puis elle s’est pérennisée. Elle est […]

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Le mal-être des étudiantes sages-femmes perdure

Après la crise du Covid-19 et la crise que connaît l’ensemble de la profession, comment vont les étudiantes en maïeutique ? Selon la deuxième enquête sur le bien-être des apprenties sages-femmes, initiée par l’Association nationale des étudiantes sages-femmes de France (Anesf) en 2023, les constats sont « tout aussi alarmants qu’en 2018 ». Dans son étude publiée le 3 avril, l’Anesf précise que « les différents résultats pour la plupart n’ont soit pas évolué soit empiré » et évoque « une crise sans précédent ». L’enquête, menée auprès de toutes les étudiantes sages-femmes de France du 23 janvier au 20 février inclus, par mail et sur les réseaux sociaux, a récolté –2 241 réponses. PRÉCARITÉ ET MALTRAITANCE  L’étude analyse la situation matérielle et financière des étudiantes de la filière. Un tiers considèrent ainsi que leur situation financière est mauvaise, voire très mauvaise, et neuf étudiantes sur dix se considèrent comme dépendantes ou particulièrement dépendantes financièrement. Par ailleurs, 87,5 % d’entre elles nécessitent une aide financière de leur famille ou d’un tiers. Elles sont aussi 29 % à déclarer avoir une activité rémunérée en période scolaire, dont près de 36 % considèrent cette activité comme étant nécessaire. Pour l’Anesf, le rythme des études ne permet pas de travailler en parallèle, contrairement à la population générale étudiante au sein de laquelle 40 % des jeunes ont un emploi alimentaire. L’Anesf s’est aussi penchée sur le vécu de la formation. Huit étudiantes sur dix se sentent plus stressées depuis l’entrée en formation. Elles sont en outre 21 % à confier avoir déjà subi des traitements inégalitaires ou des discriminations. Une étudiante sur trois ne se sent pas ou peu accompagnée par l’équipe pédagogique. Pis, 61 % rapportent de la maltraitance en stage, essentiellement psychologique (72,2 %), mais aussi verbale (26,5 %), voire physique (1,2 %).  Dans ces conditions, les études ont un impact sur la santé des étudiantes. Ainsi, 86 % déclarent ne pas avoir […]

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« Inciter financièrement les femmes défavorisées à recourir aux soins est une forme de redistribution », Marc Bardou

D’où est venu votre intérêt pour les enjeux d’équité en santé ? Lors de mes recherches en pharmacologie, mon épouse, elle-même gynécologue-obstétricienne, m’a incité à m’intéresser au muscle lisse utérin. Cela m’a permis d’élargir mes recherches à la menace d’accouchement prématuré et à la prééclampsie. Je suis donc arrivé vers l’obstétrique à travers la pharmacologie. Par ailleurs, en tant qu’hépatologue généraliste, je rencontre surtout des personnes obèses, ayant un trouble de la consommation de l’alcool ou des migrants avec des hépatites virales. Ces patients sont en majorité des personnes défavorisées. C’est pourquoi j’ai cherché à mieux comprendre la façon dont ces populations interagissent avec le système de santé. Enfin, j’ai entendu à la radio l’économiste Esther Duflo, qui a reçu le Nobel d’économie en 2019 pour ses travaux sur la pauvreté et les questions de ­développement. ­ Elle ­présentait ses études sur les incitations financières à visées sociales, dans le domaine de la scolarisation ou de la vaccination, par exemple. L’incitation économique s’inscrit dans la lignée du « nudge » en économie comportementale. Le « nudge » est un outil de suggestion disposé dans l’environnement, destiné à nous aider à faire le bon choix, pour notre propre intérêt ou celui de la société. C’est un coup de pouce pour inciter quelqu’un à réaliser l’action que l’on désire. Un des nudges les plus connus est la fausse mouche apposée au centre des urinoirs à l’aéroport ­d’Amsterdam pour inciter les hommes à la viser, réduisant ainsi les salissures. J’ai contacté Esther Duflo et nous avons échangé. C’est ainsi qu’est né le projet Naître. Quel est le dispositif de l’étude Naître ? L’idée est partie du renoncement aux soins, très élevé au sein des ménages dont le revenu est le plus faible. En périnatalité, nous savons qu’un statut socio-économique faible est lié à un risque de soins prénatals inadéquats, […]

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L’ANSFL fête ses 40 ans

Alors qu’elle fête ses 40 ans, comment va l’ANSFL ?  Je suis pleine d’espoir et confiante. Notre nombre d’adhérents ne fait que grossir. Nous en sommes à 1200, ce qui représente environ 15 % de l’ensemble des libérales. C’est important, car cela nous rend légitimes. Avoir un conseil d’administration fort est aussi capital. À l’occasion des 40 ans de l’association, il a été renouvelé, ce qui a permis aussi de combler différents départs successifs au CA ces dernières années. Les nouvelles élues vont amener une bouffée d’oxygène. Le CA a de nombreuses missions à remplir : représenter l’association dans différentes instances, produire La Lettre de l’ANSFL, alimenter le site web et poursuivre le podcast qui en est à sa troisième saison. Ce dernier est un véritable support pour les sages-femmes libérales, qui le conseillent à leurs patientes. Le CA doit aussi construire l’avenir.  Quels sont les projets en cours à l’ANSFL ? Nous travaillons avec le Conseil de l’Ordre, ­l’Association nationale des étudiantes sages-femmes (Anesf), l’Association nationale des sages-femmes coordinatrices (ANSFC), les syndicats et le Collège des sages-femmes sur la permanence des soins. Les sages-femmes libérales sont bien sûr pleinement concernées. Quelle prise en charge proposer aux femmes lorsque les cabinets sont fermés, les week-ends par exemple ? Nous savons que c’est un sujet prioritaire pour le ministère de la Santé et que la profession sera consultée. Nous souhaitons donc être prêtes et force de proposition lorsque ce sera le cas. À partir des textes existants, il s’agit d’abord de définir la permanence des soins. Nous réfléchissons aussi au cadre de cette permanence, afin d’éviter des dérives, comme le fait que des sages-femmes reçoivent des femmes pour des consultations pour de la ­pathologie urgente ou pour des problèmes de pathologies pédiatriques. Il faut aussi qualifier ce qu’est l’urgence en gynécologie. Tout en offrant une permanence des […]

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Un gant connecté pour visualiser la tête fœtale

Quatre sutures à l’avant du crâne, trois à l’arrière. Des capteurs sensoriels positionnés sur l’index d’un gant chirurgical permettent de transmettre les sensations haptiques en signaux que l’on pourra lire sur l’écran d’un smartphone afin de connaître la position de la tête fœtale. À l’aide du bout du doigt, il sera possible de suivre les fontanelles et l’écran affichera s’il s’agit de la fontanelle avant ou arrière. Chaque suture se traduit par un pic sur l’écran. Il suffit de les compter ensuite. C’est l’innovation que la chercheuse britannique Shireen Jaufuraully est en train de développer à la faculté de médecine de l’Université de Londres. Cette jeune gynécologue-obstétricienne en a fait son sujet de thèse. « Ce gant est vraiment innovant », reconnaît Hélène Bouchot. Sage-femme enseignante à la faculté de médecine Montpellier-Nîmes depuis 2010, elle conçoit et anime, en binôme avec Valérie Courtin, toutes les séances de simulation au département universitaire de maïeutique. « Aujourd’hui, l’apprentissage est basé sur l’expérience. Tous les outils qui permettent de simuler les gestes sont très utiles. » L’école de maïeutique de Nîmes est très équipée en technologie : deux simulateurs corps entier, des ventres fantômes, un simulateur virtuel de toucher vaginal et périnéal, un entraînement par serious games. Elle forme chaque année 120 étudiantes et étudiants et autant de médecins et urgentistes en développement professionnel continu. La praticienne a pris soin d’étudier l’article scientifique publié en janvier dernier dans la revue Frontiers in Global Women’s Health : « Visualiser la position de la tête grâce à des instruments est complémentaire à tous les outils utilisés en formation. Une fois sur 100, on a recours aux ventouses ou forceps. Ce gant pourrait aussi nous indiquer où mieux les placer. »  Mesurer les forces  Comprendre et mesurer la répartition des forces sera une prochaine étape du développement. Pour l’instant, les capteurs sont disposés sur l’index, […]

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Édouard Leport : « Les associations de défense des droits des pères restent masculinistes »

Vous avez enquêté auprès des associations de défense des droits des pères séparés. Pourquoi ce sujet de recherche ? Je n’ai pas d’enfant et mes parents n’ont pas divorcé, mais ce sujet d’étude m’anime. J’aime comprendre comment les rapports sociaux fonctionnent : c’est un des moteurs de ma recherche. Avec une focale : comment les groupes dominants agissent pour conserver leurs privilèges, pour continuer à exercer leur pouvoir. Avant ce livre, j’avais travaillé sur la mise en scène discursive : comment, dans le discours, les hommes mettent en scène leur détresse alors que dans le fond, ils veulent surtout garder le contrôle. En dehors des actions spectaculaires comme dérouler une banderole depuis le sommet d’une grue ou faire du lobby auprès d’élus locaux, ces associations se présentent comme des lieux de parole, de soutien et d’échange. Le mouvement de ces hommes prône dans le discours la défense du droit des enfants, mais les questions d’éducation n’y sont pas souvent discutées, pas plus qu’une revendication d’avoir plus de temps à partager ensemble. Ils revendiquent dans les faits un temps supérieur de responsabilité légale. Si vous aviez informé les associations de votre hypothèse de travail, peut-être ne vous auraient-elles pas reçu. Quel a été votre mode d’investigation ?  En France, pour mener des études sociologiques, il n’y a pas besoin de préciser le thème exact de la recherche menée. Il n’y a pas de demande d’autorisation pour la recherche universitaire. Dans d’autres pays, comme au Québec par exemple, la recherche en sociologie s’apparente aux essais cliniques : il est nécessaire de préciser l’objet exact de l’étude et chaque personne questionnée doit signer un consentement éclairé.  Ma recherche a été présentée de la manière suivante : « pratique et représentation de la paternité pendant et après la séparation » ; un travail basé sur une analyse de terrain. J’ai utilisé le même cadre […]

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Crise de la périnatalité : l’ordonnance de l’Académie de médecine

Face à la crise de la périnatalité, l’Académie nationale de médecine propose sa feuille de route détaillée. Son contenu a fuité fin février, contraignant l’Académie à dévoiler son rapport avant son adoption formelle.  Portées par le professeur Yves Ville, les recommandations vont dans le même sens que celles du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), rendues publiques mi-novembre 2022 et préconisant des regroupements de maternités. Mais le rapport propose une approche plus globale, allant au-delà de la seule concentration des moyens humains dans les grosses structures. Les départements et régions d’outre-mer faisant face à des problématiques spécifiques, le rapport se concentre sur la France métropolitaine. DIAGNOSTIC SANS APPEL L’Académie de médecine rappelle d’abord les facteurs ayant conduit à la dégradation actuelle. Les budgets consacrés à la périnatalité sont restés quasi identiques depuis la mise en place de la tarification à l’activité, alors que les coûts réels ont augmenté du fait de nouvelles normes de sécurité notamment. Face à cet « effet ciseau » entre les tarifs et les coûts, « la réduction massive des effectifs a été un levier choisi pour obtenir la réduction des coûts et elle s’est aggravée depuis 2009 avec la Loi portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST) », souligne le rapport. S’ajoutent à cela des décisions réglementaires, comme la réduction du temps de travail des soignants ou la limitation des recrutements de praticiens étrangers. Résultats : les maternités de type 2 et 3 saturent, les établissements privés se désengagent de la périnatalité, les métiers du secteur ne sont plus attractifs, les fermetures ponctuelles ou définitives des petites et moyennes maternités s’accélèrent de façon erratique, les indicateurs périnataux sont mauvais et les attentes de la population ne sont pas satisfaites. « L’adoption d’un plan de périnatalité ambitieux est donc une urgence et une […]