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Recherche sages-femmes désespérément

L’été est toujours une période tendue en maternité. Chaque fois, il manque des sages-femmes. Mais cette année, la crise fut plus rude. Bien en amont, coordinatrices, sages-femmes et médecins s’en étaient inquiétés et l’avaient fait savoir à la presse grand public. Début juillet, le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes (CNOSF) sonnait l’alarme. « Cette année, pour la première fois, les sages-femmes ne sont pas assez nombreuses pour prendre la relève dans les maternités », notait son communiqué. Le ton était grave, et le CNOSF anticipait des conséquences potentiellement « dramatiques ». En particulier en Île-de-France, mais pas seulement. LA CRISE DE L’ÉTÉ L’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France (IDF) s’était pourtant mobilisée avant l’été. Deux appels à candidatures pour des contrats d’allocation d’études avaient été lancés, le dernier remontant à début juin. Le dispositif permet aux établissements de santé de fidéliser, durant leur dernière année d’études, les étudiants des métiers qui connaissent des tensions. L’ARS leur octroie une allocation forfaitaire en contrepartie d’un engagement de 18 mois en établissement. Cela n’a pas suffi et l’ARS-IDF a dû convoquer une réunion d’urgence le 16 juillet. La crise a concerné la plupart des régions. Même les cliniques privées étaient en détresse, comme la clinique Conti, du groupe Elsan, située à l’Isle-Adam, dans le Val-d’Oise. Elle a lancé un « job dating » le 3 juillet. Les annonces de recrutement se sont multipliées sur les réseaux sociaux. Fin juillet, l’hôpital du Mans recrutait des sages-femmes en CDD. Le 2 juillet, le centre hospitalier Sud Gironde, de Langon, proposait plusieurs contrats longs. Il a dû réitérer son offre mi-août, faute d’être parvenu à recruter. MESURES D’URGENCE Des mesures d’urgence ont bien sûr été prises pour éviter le pire. L’hôpital Antoine-Béclère, à Clamart, dans les Hauts-de-Seine, a fermé 10 lits sur 80 courant juillet. Ici, on a refusé des inscriptions. Là, des consultations de suivi ou […]

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Les sages-femmes divisées autour de la PPL Chapelier

Après un mouvement de protestations et de grèves régulières de plusieurs mois et un lobbying auprès des parlementaires, les sages-femmes ont découvert la proposition de loi (PPL) d’Annie Chapelier le 1er juin. Pour la première fois, un tel texte est entièrement consacré à la profession. Il suscite cependant des réactions mitigées et des désaccords, y compris entre les organisations.  L’Organisation nationale des syndicats de sages-femmes (ONSSF) décerne un satisfécit au texte. « C’est une PPL formidable, signée de façon inédite par de très nombreux députés, qui reprend les problématiques de la profession et ce que nous soulignons depuis des années, estime Camille Dumortier, la présidente. Cela fait des années que nous dénonçons le fait d’être gérées comme des professionnelles paramédicales à l’hôpital, ce quiparticipe de la désaffection pour le métier. » Vincent Porteous, représentant de l’Ufmict-CGT est plus critique : « Nous sommes d’accord sur le diagnostic, mais plusieurs remèdes ne conviennent pas sur le fond et la forme. Par ailleurs, que signifie sortir une telle proposition de la part d’une députée proche de LREM alors que le Gouvernement a missionné l’Igas et que nous attendons toujours son rapport ? Nous demandons une concertation avec le Gouvernement ; nous craignons de n’obtenir que ce texte. Concernant l’hôpital, la négociation doit être menée par les centrales, or nous n’avons pas été auditionnés. » En outre, le représentant de la CGT ne comprend pas que, pour remplir la condition de neutralité financière, la PPL Chapelier propose de financer les surcoûts envisagés par les mesures en faveur des sages-femmes par une augmentation de la taxe sur les tabacs.  « Qu’il y ait une volonté parlementaire de faire évoluer la profession correspond à une demande des sages-femmes », estime pour sa part Henny Jonkers, de l’Union nationale des syndicats de sages-femmes (UNSSF). Pour autant, le syndicat ne donne pas un blanc seing […]

Annie Chapelier, élue du groupe Agir Ensemble à l’Assemblée nationale.
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Proposition de loi Chapelier : quelles mesures pour les sages-femmes ?

Quelles sont les chances que cette proposition de loi (PPL) soit discutée au Parlement ? Deux possibilités existent. Soit nous parvenons à l’inscrire à l’agenda de la prochaine niche parlementaire du groupe Agir Ensemble (dissident du groupe LREM, NDLR), prévue en octobre. Il faudrait pour cela que mes 22 collègues choisissent de mettre en avant cette PPL parmi bien d’autres. Elle devrait alors être réduite à trois ou quatre articles essentiels pour pouvoir être discutée. L’autre option est que le texte soit directement porté par le Gouvernement. Nous en avons discuté au ministère de la Santé et nous n’avons pas eu de divergence majeure. Le ministère attend cependant le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur la profession de sage-femme pour se positionner. Je travaille donc à ces deux scenarios en espérant avoir plus de visibilité au mois de septembre. Je vais poursuivre les auditions pour rencontrer, par exemple, l’Association nationale des sages-femmes territoriales. S’il fallait réduire le texte, quelles seraient les dispositions maintenues ? Compte tenu des déserts médicaux et des problèmes d’accès aux soins, nous devons adopter une approche holistique pour répondre aux besoins de santé de la population, tout en garantissant la qualité des soins. Concernant la santé génésique des femmes, nul besoin de créer de nouvelles professions alors qu’il est possible de s’organiser avec celles qui existent. J’ai par ailleurs fait le constat de la souffrance des sages-femmes et de la baisse de la qualité des soins. La profession a évolué et des propositions sont sur la table depuis longtemps pour accompagner les changements. Il est temps de reconnaître pleinement le statut médical des sages-femmes. Je conserverais donc quatre mesures principales. La première porte sur la formation initiale, qui serait complétée par un troisième cycle d’études, soit une année de formation supplémentaire, pour l’obtention d’un diplôme d’État […]

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Les sages-femmes et les soins après avortement au Gabon. « Les choses ont vraiment changé ».

Aimée Patricia Ndembi Ndembi, psychologue, Département de recherche sur les dynamiques sociales (DRDS), Laboratoire de recherches sur la famille, la santé et le corps (Larefsac)/Institut de recherches en sciences humaines (IRSH/Cenarest), Libreville, Gabon. Présidente/Cofondatrice du Réseau d’Afrique centrale pour la santé reproductive des femmes : Gabon, Cameroun, Guinée équatoriale (GCG).Courriel : ndembipatricia@yahoo.fr Justine Mekuí, sage-femme, Centre hospitalier universitaire Mère/Enfant, Fondation Jeanne-Ebori, Libreville, Gabon. Coordinatrice médicale du Réseau d’Afrique centrale GCG et formatrice régionale de l’AMIU (aspiration manuelle intra-utérine). Courriel : jMekuíella@gmail.com.  Marie-Chantale Ntjam, psychologue clinicienne, Département de psychologie, Université de Douala, Cameroun ; Laboratoire d’étude et de recherche en psychologie ; Centre de psychologie clinique et de psychoéducation ; Présidente de l’association Yan Mam-psy ; Coordinatrice du Réseau d’Afrique centrale GCG-Cameroun. Courriel : ntjamcinq@yahoo.com. Gail Pheterson, psychosociologue, Département de psychologie, Université de Picardie Jules-Verne, Amiens, France ; Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (Cresppa), CNRS/Université Paris 8. Cofondatrice et directrice de recherche du Réseau d’Afrique centrale GCG ; Cofondatrice/Codirectrice de l’Initiative caribéenne sur l’avortement et la contraception.Courriel : gpheterson@gmail.com. Marijke Alblas, médecin, consultante internationale pour la santé et les droits des femmes, spécialiste en avortement, Afrique du Sud. Formatrice des professionnels de soins du Réseau d’Afrique centrale GCG et de l’Initiative caribéenne sur l’avortement et la contraception.Courriel : malblas@iafrica.com.  Iris Ursula Moundaka, psychosociologue de la santé, chercheuse et coordinatrice du Réseau d’Afrique centrale GCG dans la région de Moyen-Ogooué, Gabon.Courriel : irisursula@gmail.com. Correspondance : Réseau d’Afrique centrale pour la santé reproductive des femmes. Courriel : reseaugcg@gmail.com Cet article a été publié en anglais sous le titre Midwives and Post-Abortion Care in Gabon : “Things have really changed” dans Health and Human Rights Journal, 2019;21(2):145-155. Il est traduit ici par Diane Lamoureux. Version anglaise : https://cdn1.sph.harvard.edu/wp-content/uploads/sites/2469/2019/12/Pheterson.pdf Résumé Les complications résultant d’avortements spontanés ou provoqués constituent une des premières causes de mortalité des femmes en Afrique sub-saharienne. Le Réseau d’Afrique centrale pour la santé reproductive des femmes : Gabon, Cameroun, Guinée-équatoriale […]

Mobilisation des sages-femmes le 8 mars 2021.
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La mobilisation des sages-femmes se poursuit en coulisses

Jusqu’au 5 mai, les sages-femmes n’iront pas dans la rue. Les derniers défilés du 8 mars dans une trentaine de villes de France métropolitaine, à l’occasion de la Journée internationale pour les droits des femmes, furent symboliques. Pour les syndicats, l’objectif était d’associer la cause des sages-femmes aux causes féministes et de se montrer « avec les femmes » avant tout. Depuis, alors que le Gouvernement a botté en touche lors de la rencontre ministérielle du 24 février dernier, en annonçant un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), il s’agit d’économiser les forces de professionnelles déjà à bout. Pour autant, sages-femmes de terrain, associations et instances professionnelles s’activent en coulisses : leurs différentes initiatives convergent vers les mêmes objectifs. BOYCOTTER L’ENP Début mars, l’idée a été lancée de boycotter la remontée des résultats de l’Enquête nationale périnatale (ENP), qui se déroulait du 15 au 21 mars. Cinq maternités de Grenoble en ont fait part sur le groupe Facebook Sages-Femmes en lutte, relayées par d’autres établissements, sans qu’il soit possible d’établir l’ampleur du mouvement. « Nous avons eu le sentiment de perdre notre salaire pour rien durant les journées de grèves, estime avec lassitude Alexandra Licina, coordinatrice à la maternité du groupement hospitalier mutualiste de Grenoble. Nous avons rassuré l’équipe du comité national de l’ENP en décidant de mener l’enquête sur le terrain, tout en bloquant la remontée des résultats jusqu’à une date indéterminée. » L’Organisation nationale des syndicats de sages-femmes (ONSSF) avait aussi plaidé pour que l’enquête soit bien réalisée, soulignant que « pour la première fois, l’étude comportera des items sur les effectifs sages-femmes » et qu’elle devrait donner des arguments légitimant les revendications des sages-femmes. « L’enquête était prévue pile un an après le premier confinement, note cependant Alexandra Licina. Ses résultats ne seront pas représentatifs, car les maternités ont connu une baisse de la natalité de 10 % […]

Sages-femmes en quête de reconnaissance
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Grèves : Que veulent les sages-femmes ?

Dans l’histoire récente des sages-femmes, le fait est suffisamment rare pour être souligné : cette fois, et malgré leurs différences, les sages-femmes espèrent bien afficher un front uni face aux autorités. La colère, la fatigue et la lassitude sont trop importantes. Il ne faut pas laisser poindre la moindre faille, la moindre divergence, dans laquelle pourraient s’engouffrer les autorités pour enliser le mouvement. Plus facile à dire qu’à faire. Mais pour la première fois, une intersyndicale a été créée. L’Organisation nationale des syndicats de sages-femmes (ONSSF), l’Union nationale des syndicats de sages-femmes (UNSSF) et l’Union fédérale médecins, ingénieurs, cadres, techniciens de la Confédération générale du travail (Ufmict-CGT) se sont associées. Les trois organisations ont même signé un communiqué de presse commun pour la grève du 10 février, auquel se sont joint nombre d’organisations professionnelles : Collège national des sages-femmes de France, associations nationales des étudiants, des sages-femmes territoriales, libérales, orthogénistes et coordinatrices… Une immense partie de la galaxie française de la maïeutique est donc réunie. Hausses des rémunérations et des effectifs sont les principales revendications d’une longue liste. MULTIPLES REVENDICATIONS Volontairement général, le communiqué de presse commun exige « des mesures concrètes et des engagements institutionnels forts ​pour permettre aux sages-femmes de gagner un salaire à la hauteur de leurs responsabilités, de prendre en charge les femmes et les familles dans des conditions de sécurité dignes de notre pays. » Côté rémunération, l’ONSSF et l’Ufmict-CGT semblent alignées. Elles demandent une augmentation franche et massive. « Les sages-femmes ont un bac + 5 ainsi que la responsabilité des mères et des enfants, note Camille Dumortier, sage-femme hospitalière à Nancy et présidente de l’ONSSF. À l’hôpital, une autre profession a à peu près les mêmes caractéristiques. Il s’agit des ingénieurs biomédicaux. Entre leur salaire et leur prime, ils débutent leur carrière à environ 3000 euros par mois. » Aujourd’hui, selon l’Ordre national […]

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Code rouge pour les sages-femmes

Au plus fort de la mobilisation, une petite centaine de sages-femmes étaient réunies à proximité du ministère des Solidarités et de de la Santé dans l’après-midi de ce mardi 26 janvier, à Paris. De nombreuses autres étaient en grève et assignées dans leurs établissements. Elles étaient venues clamer leur colère et faire connaître leurs revendications. Une petite délégation des principaux représentants de la profession (ONSSF, UNSSF, Ufmict CGT et Anesf) a été reçue par trois membres du cabinet du ministre. « C’est l’étage politique qui nous a rencontré, celui qui décide, et pas l’étage technique, celui qui applique les décisions, analyse Vincent Porteous, de l’Ufmict CGT. C’est une bonne nouvelle. Ils nous prennent au sérieux. » ÉCOUTE ET ATTENTE La rencontre a duré près de deux heures. La délégation a eu le temps d’exposer toutes ses revendications et s’est sentie écoutée. « De leur côté, il y avait une vraie connaissance des dossiers, poursuit Vincent Porteous. De notre côté, nous avons beaucoup insisté sur la rémunération, les effectifs et la formation. Sur ce dernier point, ils ont un peu botté en touche, nous renvoyant vers le ministère de l’Éducation nationale. Ils ont aussi évoqué « beaucoup de choses transversales », « des contraintes budgétaires ». J’ai senti qu’ils cherchaient à nous orienter vers de solutions d’attente. »  Hausse des rémunérations pour toutes, y compris pour les libérales, augmentation des effectifs, formation, accompagnement physiologique, arrêt des fermetures des maternités, arrêt des fermetures de lits, revalorisation des compétences en PMI,… Tout ou presque a été balayé. LA GIFLE DU SÉGUR Dans le froid de la rue, les sages-femmes essayaient de rester positives malgré leur faible nombre et leur lassitude. Beaucoup de jeunes étaient présentes. « On veut que notre métier soit reconnu comme un vrai métier médical, demandent deux sages-femmes hospitalières parisiennes qui ont souhaité rester anonymes. Nous voulons ne plus être maltraitantes contre notre gré […]

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Covid-19 : Dans l’Est, des soignants immunisés

Bonne nouvelle sur le front de l’épidémie : à Strasbourg, presque tous les soignants qui ont récupéré de symptômes modérés de Covid-19 semblent désormais immunisés contre la maladie. Ils auraient même, pour l’essentiel, développé des anticorps neutralisant le virus. C’est tout au moins ce que tend à montrer une nouvelle étude sur le sujet, même s’il faut prudence garder, car la publication, parue sur un site de « preprint », n’a pas encore été revue par les pairs. Si elle est vérifiée, l’information est importante car jusqu’à présent, on pensait que les personnes ayant eu des symptômes mineurs étaient peu ou pas immunisées. Et l’on ne savait pas non plus si cette immunité protégeait d’une hypothétique réinfection.  Réunis sous la houlette d’Olivier Schwartz, du département de virologie de l’Institut Pasteur, à Paris, et d’Arnaud Fontanet, de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes de l’Institut Pasteur, également à Paris, vingt-deux médecins et chercheurs, dont la moitié œuvrent à Strasbourg, ont été réunis pour ce travail.  PAS DE SAGE-FEMME CONCERNÉE Entre le 6 et le 8 avril, tous les soignants des hôpitaux universitaires de Strasbourg qui ont eu une rt-PCR positive pour le Sars-Cov-2 ont été invités à participer. A priori, aucune sage-femme n’était concernée. Seuls « des médecins, des infirmières, des kinésithérapeutes, des dentistes, des étudiants en médecine, des aides-soignantes, des assistants et du personnel administratif » ont participé. Au total : 162 personnes. Mais deux personnes ont ensuite été exclues de la cohorte car leurs symptômes se sont aggravés et elles ont dû être hospitalisées. Globalement, la population concernée était jeune, entre 26 et 44 ans, avec un âge médian de 32 ans. Un tiers d’hommes et deux tiers de femmes. Les professions les plus touchées étaient des internes (28 %), des médecins (20 %) et des infirmières (19 %). En plus des informations habituelles sur son état […]

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Covid-19 : Sages-femmes libérales, comment déconfiner son cabinet ?

« La première priorité est de garder un contact régulier avec la femme quel que soit le motif de consultation. » Telle est la ligne directrice à retenir du guide publié le mercredi 6 mai au soir par le Collège national des sages-femmes de France (CNSF). Le Conseil national de l’Ordre (CNOSF) a aussi publié le sien, à visée plus hygiéniste, de même que des affiches d’information à destination des patientes. Alors que les professionnelles de terrain souhaitent anticiper et organiser leurs plannings de rendez-vous en vue du 11 mai, les deux instances n’ont pas souhaité attendre l’intervention du Premier ministre du jeudi 7 mai, ni les recommandations de la Haute Autorité de santé sur les modalités du déconfinement, en discussion depuis quinze jours.  De son côté, l’Union nationale des syndicats de sages-femmes (UNSSF) estime que les libérales connaissent les préconisations de la Direction générale de la santé et de la HAS qui sont amenées à évoluer et en appelle à leur « libre arbitre » pour adapter leurs pratiques, dans le respect des règles sanitaires actualisées. « Nous nous refusons à « édicter » des conduites à tenir ou des protocoles de travail, écrit le syndicat dans un communiqué du 7 mai. Nous savons que les sages-femmes sont capables d’adapter leur activité en fonction de ces recommandations, des conditions différentes selon les territoires, des besoins de leurs patientes et des conditions propres liées à leurs activités, spécificités et conditions de travail. » Il n’empêche, certaines sages-femmes pourraient être confortées ou inspirées par ces guides. « Nous avons tenté d’émettre des préconisations adaptables par toutes les sages-femmes en attendant les textes de la HAS sur le sujet, qui ne seront pas prêts le 11 mai, témoigne Chloé Barasinski, sage-femme de recherche au CHU de Clermont-Ferrand et membre du comité scientifique du CNSF dédié à la crise du Covid-19. […]

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Covid-19 : « Les femmes enceintes doivent rester à l’abri »

Vous travaillez à la maternité de l’hôpital Louis Mourier, à Colombes, en région parisienne. Quelle est la situation ? Alors que les femmes enceintes malades du Covid-19 étaient nombreuses, quinze jours après le début du confinement, le nombre de patientes infectées a diminué. Nous avons eu plusieurs femmes hospitalisées et quelques-unes admises en service de réanimation. La grande majorité de ces patientes sont sorties. À ma connaissance, en France, nous avons déploré un à deux décès de femmes enceintes présentant, en plus du Covid-19, des pathologies complexes. Dans notre pays, nous n’avons, à ma connaissance, à ce jour, pas connu de fausse couche tardive ou de mort fœtale in utero qui seraient directement  liées au Covid-19. En revanche, plusieurs femmes ont subi une césarienne en urgence. Ces patientes se dégradaient au niveau respiratoire. À l’hôpital Louis Mourier, nous n’avons pas vu de tels cas et n’avons réalisé aucune césarienne pour ce motif. Après le pic survenu dans les deux premières semaines après la mise en place du confinement, le nombre de femmes infectées a beaucoup diminué. Le confinement a vraiment été bénéfique. On peut dire qu’il a probablement sauvé des milliers de vies. Les femmes enceintes semblent avoir été très à l’écoute, très respectueuses du confinement. Il faut qu’elles continuent à se mettre à l’abri, à respecter les mesures barrières, l’hygiène, le port du masque. Aujourd’hui, nous recevons un faible nombre de femmes infectées. Cela va probablement continuer, même si nous redoutons une remontée de cas avec la sortie de confinement. Pour ma part, j’ai la certitude que le nombre de cas va ré-augmenter. D’ailleurs, il ne faudrait pas parler de déconfinement, mais de confinement différent. Pour les femmes enceintes, quels sont les facteurs de risque de développer une forme grave de la maladie Covid-19 ? Le premier d’entre eux est le […]

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Covid-19 : les pères, de nouveau autorisés dans les maternités ?

Alors que la courbe des entrées en réanimation pour Covid-19 a été aplatie, le Collège national des gynécologues obstétriciens français (CNFOG) souhaite élargir la présence d’un accompagnant en maternité, sans attendre la sortie progressive du confinement. Déjà autorisé en salle de naissance, ce partenaire pourra assister à la césarienne et rester auprès de la jeune mère et du bébé en suites de couches. En prénatal, il pourra également soutenir la femme enceinte pendant les consultations et les échographies. DIVERGENCES TERRITORIALES Pour permettre la présence de la personne accompagnante, le texte du CNGOF donne des détails très précis. Mais ce n’est pas une recommandation, ni même une préconisation. Il s’agit d’une simple prise de position. Son élaboration n’en a pas été moins clivante. « Sur le sujet, il y a une très grande divergence des professionnels », commente Israël Nisand, encore président de la société savante, en « tuilage » jusqu’en 2021 avec la nouvelle présidente élue Joëlle Belaish-Allart. Après la diffusion du communiqué, ce mardi 28 avril, l’ancien chef de pôle des maternités du CHU de Strasbourg a reçu de nombreux appels téléphoniques désapprobateurs, venant « essentiellement d’Île-de-France ». Pas étonnant, les services hospitaliers de cette région restant encore très occupés par des malades du Covid-19.  En Alsace, l’épidémie a amorcé une décrue. Ailleurs en France, en Nouvelle Aquitaine, en Bretagne, en Isère, la « vague » tant redoutée n’est jamais arrivée. « La semaine dernière, des collègues de Grenoble et de Toulouse m’appelaient, poursuit Israël Nisand. Alors qu’ils ont été épargnés par l’épidémie, ils souhaitaient ouvrir davantage leur maternité aux accompagnants, mais les directeurs de clinique et les administrations refusaient, s’abritant derrière le précédent avis du Collège [rendu public le 27 mars, ndlr]. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons un peu accéléré la publication de cette nouvelle prise de position en faveur de la présence de l’accompagnant. » RÉALITÉS LOCALES […]

COVID-19

Les sages-femmes face au Covid-19

« C’est un scandale national. Nous ne devrions pas être dans cette situation. Nous savions, dès la dernière semaine de janvier, que cela allait arriver. Le message venu de Chine était absolument clair : un nouveau virus, doté d’un potentiel pandémique, flambait dans les villes. Les gens étaient admis à l’hôpital. Admis en soins intensifs. Et mourraient. Et la mortalité augmentait. Nous le savions depuis 11 semaines. Nous avons gaspillé tout le mois de février, pendant lequel nous aurions pu agir. » Fin mars, Richard Horton, l’éditeur-en-chef de The Lancet, une revue britannique scientifique et médicale de premier plan au niveau international, répond d’une voix blanche à la BBC. Ses paroles, qui dénoncent la longue inertie du Royaume-Uni, peuvent être transposées telles quelles à la France, où l’épidémie de Covid-19 (pour CoronaVIrus Disease 2019), provoquée par le Sars-Cov-2 (pour Severe acute respiratory syndrome Coronavirus 2), a débuté un peu plus tôt.  DÉCÈS, RETARDS ET PÉNURIES Avec beaucoup de retard, les deux pays ont d’abord opté pour des stratégies différentes, mais les constats sont les mêmes. Les services hospitaliers sont débordés. Les équipements de protection sont inadaptés et, surtout, font encore cruellement défaut début avril. Manquent non seulement les masques, mais aussi les lunettes, les blouses, les surblouses et parfois même le gel hydroalcoolique. En France, certains services hospitaliers en sont même venus à craindre la pénurie de savon. Les stocks de médicaments essentiels, y compris ceux utilisés en réanimation et en soins palliatifs, connaissent une forte tension. Chaque pays compte ses morts, par milliers et, bientôt, par dizaines de milliers. Même cela, les autorités n’y parviennent pas correctement. Les morgues sont dépassées. Des conteneurs et des camions réfrigérés sont apparus sur les parkings de trop nombreux hôpitaux français. Un entrepôt réfrigéré du grand marché de Rungis a été transformé en funérarium. À New-York, aux États-Unis, un élu envisage d’enterrer […]

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Covid-19 – Rester chez soi pour accoucher ?

Accoucher à la maison n’est-il pas la solution la plus sûre, étant donné le risque de contagion dans les hôpitaux ? Les demandes augmentent-elles ? Les sages-femmes doivent-elles les accepter au débotté, sans bien connaître les couples ? Les équipes du Samu seront-elles disponibles en cas de besoin de transfert en urgence ? Comment accompagner un accouchement à domicile (AAD) alors que les aînés sont présents et confinés sur place ? Dès le 16 mars, veille du confinement national, des sages-femmes pratiquant l’accouchement à domicile (AAD) s’interrogent sur un forum de discussion privé. INQUIÉTUDES Contactée le 19 mars, Stéphanie Quéval, installée en libéral à Lasalle, dans le Gard (30), et membre du conseil d’administration de l’Association professionnelle pour l’accouchement accompagné à domicile (Apaad), raconte : « Dès le confinement, j’ai reçu quelques appels de femmes enceintes craignant de se rendre à l’hôpital pour leur accouchement, prévu en avril. Elles redoutaient aussi que leur compagnon ne soit pas autorisé en salle de naissance. Je leur ai répondu qu’un tel choix ne pouvait s’improviser. Et j’ai souhaité en débattre avec d’autres sages-femmes pratiquant les accouchements à domicile. » Floriane Stauffer-Obrecht, sage-femme en Meurthe-et-Moselle (54) et aussi membre du CA de l’Apaad, a de son côté reçu plus de dix demandes d’AAD en un seul jour au début du confinement. « De nombreuses femmes souhaitaient accoucher en présence de leur conjoint, note-t-elle, le 19 mars. Une femme m’a dit avoir été traitée d’égoïste en maternité, car elle souhaitait la présence de son compagnon. Pour d’autres, la balance bénéfice/risque penchait du côté de l’AAD pour éviter une infection nosocomiale à Sars-Cov-2. Enfin, certaines hésitaient de longue date pour un AAD et l’épidémie les a convaincues de franchir le cap. » Depuis, les demandes auraient diminué, car des maternités ont revu leur protocole, autorisant à nouveau les accompagnants en salle de naissance (lire ici). […]

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Les femmes et les couples, inquiets

« J’ai dû laisser ma compagne seule avant et après l’accouchement, témoigne Gaëtan, dont la petite fille est née le 1er avril à l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges (94). Ma compagne, Aurore, a été admise le dimanche 29 mars au soir en maternité et déclenchée le 31 mars en début d’après-midi. J’ai pu rester auprès d’elle durant l’accouchement. Je pensais ensuite pouvoir l’accompagner à sa chambre. Mais, dans l’ascenseur, la sage-femme a appuyé sur le bouton de l’étage de sortie. Et elle m’a dit : “Vous sortez là“. Nous avons été sidérés, sans réaliser ce qui se passait. Aurore était en pleurs. Elle a dû se débrouiller seule pendant deux jours. Nous étions en contact par téléphone, mais je me suis senti privé de la première rencontre avec ma fille. » DROIT D’ÊTRE ACCOMPAGNÉE Des témoignages comme celui-ci ont été nombreux, surtout dans la presse régionale. Tout au long du mois de mars, suite au déclenchement du Plan blanc, les établissements s’interrogent : pour diminuer les risques de contamination, faut-il interdire les pères en salle de naissance et en suites de couches ? Sur les réseaux sociaux, au sein de groupes de discussion, les sages-femmes échangent les décisions adoptées dans leur maternité respective. Des militantes contre les violences obstétricales s’emparent de la question et interpellent les soignants directement. Chef du pôle de gynécologie-obstétrique aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg, Philippe Deruelle partage alors le protocole de son établissement autorisant la présence des pères en salle de naissance (lire ici). Seuls les pères asymptomatiques sont admis jusqu’à deux heures après la naissance, sans l’autorisation d’aller et venir dans le service. En revanche, ils ne sont plus autorisés à assister aux césariennes ni à rester en suites de couches. Le 21 mars, l’Organisation mondiale de la santé rappelle « le droit à toute femme à accoucher dans de bonnes conditions, qu’elle soit […]

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Une « cellule de crise sage-femme » dédiée au Covid-19

« Quelques jours avant les annonces d’Édouard Philippe à propos de la fermeture des commerces [qui ont eu lieu le 14 mars, ndlr], j’ai fait une saisine auprès du ministère de la Santé. J’étais inquiet de l’épidémie à venir. J’avais aussi eu des échos de Mulhouse, qui montraient que le Covid-19 n’allait pas s’arrêter à l’Italie. Or, on pouvait reporter les interventions chirurgicales, mais les grossesses n’allaient pas s’arrêter. Il fallait que les sages-femmes s’organisent au plus vite. Elles sont en première ligne et doivent rester sur le terrain. » Adrien Gantois, président du Collège national des sages-femmes (CNSF), a dû patienter longtemps pour obtenir un semblant de réponse. Le secrétaire d’État auprès du ministre de la Santé et des Solidarités, Adrien Taquet, a en effet attendu le 31 mars pour publier un communiqué sur l’accompagnement lié à la grossesse et à l’accouchement en période de Covid-19. Deux jours après, soit le 2 avril, la Haute Autorité de santé publiait à son tour ses préconisations sur le sujet (lire ici). La réponse de Santé Publique France, que le président du CNSF avait également contacté en amont du confinement, n’est quant à elle jamais arrivée. Heureusement, les sages-femmes n’ont pas attendu leurs tutelles pour organiser leur réponse sur le terrain. Dès le 14 mars, une « Cellule de crise sage-femme » était créée. Aujourd’hui, elle rassemble des membres des principales organisations professionnelles de sages-femmes. NAISSANCE SPONTANÉE « Le comité d’administration du Collège devait se réunir le 14 mars, raconte Adrien Gantois. Nous avons changé l’ordre de la réunion et j’ai demandé à Yann Sellier, qui est sage-femme et virologue, de nous faire un topo sur le Covid-19. Il fallait communiquer envers les sages-femmes, leur donner des outils. En effet, il ne fallait pas que les professionnelles paniquent, sinon les femmes allaient elles aussi paniquer. Nous avons […]

COVID-19

L’Anesf clarifie la place des étudiants sages-femmes dans la crise

Comment l’Anesf s’est-elle organisée? Nous sommes membres de la cellule de crise mise sur pied par les instances et associations de sages-femmes, qui se réunit tous les deux jours le matin. Nous communiquons aussi plus particulièrement avec le Conseil national de l’Ordre et la Conférence nationale des enseignants en maïeutique (Cnema) pour échanger des informations et coordonner nos interventions. Nous sommes en lien régulier avec les autres associations et fédérations des étudiants en santé. Nous avons tenu à rappeler notre place dans la gestion de la crise sanitaire dans un communiqué (lire ci-dessous). Nous avons dû alerter les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur sur nos problématiques, d’autant plus que l’Anesf n’était pas consultée. Les deux ministères ont décidé d’organiser un point hebdomadaire tous les lundis avec les fédérations des étudiants de santé, à partir du 6 avril prochain. Dès le début de la crise, la question du maintien en stage des étudiants sages-femmes s’est posée. Quel est le point de vue de l’Anesf ? Nous avons mené cette réflexion pour que les étudiants ne soient pas pénalisés par la crise. Les positions au sein de l’Anesf sont partagées et doivent encore être votées. Globalement, nous sommes plutôt contre le maintien des stages, tout en ayant listé les conditions à réunir dans le cas contraire. Un stage doit toujours avoir des objectifs définis et être encadré par une convention. Il doit aussi pouvoir être validé et assorti d’un suivi pédagogique continu. La sécurité sanitaire des étudiants doit être respectée. Par exemple, si la consigne pour un stagiaire est de porter un seul masque toute la journée, ce qui va à l’encontre des recommandations en vigueur, les stages ne peuvent pas être poursuivis. Par ailleurs, leur maintien ne doit pas pénaliser les étudiants obligés de rester confinés parce qu’ils sont […]

COVID-19

Dans les maternités du CHU de Strasbourg, le Covid-19 bouleverse l’organisation

« Au début, c’est comme si nous tentions d’arrêter un TGV à main nue. » Nadine Knezovic, sage-femme coordinatrice du pôle gynécologie-obstétrique et fertilité des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), a enchaîné les heures de travail depuis le vendredi 6 mars, jour du déclenchement national du Plan blanc, pour adapter les services à la crise. Deux maternités sont sous sa responsabilité : celle du site de Hautepierre, de niveau 3, à Strasbourg, et celle du Centre médico-chirurgical et obstétrical (CMCO), de type 2, située à Schiltigheim. « Les premiers jours, ce fut compliqué de jongler, rassurer et être inventifs, gérer les patients qui toussent, convaincre certains soignants de porter des masques alors que nous avions des injonctions contradictoires en la matière. On nous disait que les masques n’étaient utiles qu’au contact de malades avérés du Covid. Nous avions aussi des informations rassurantes sur les conséquences du virus pour les femmes enceintes, témoigne Philippe Deruelle, professeur de gynécologie-obstétrique et chef du pôle. Mais très vite, les équipes de médecins et soignants ont cherché à s’adapter en conséquence. » Ainsi, l’ensemble des équipes ont unies leurs efforts pour revoir l’organisation du pôle. « PENSER AUTREMENT, ET VITE ! » Pour la sage-femme coordinatrice, le prise de conscience a eu lieu le lundi 9 mars. « Ce soir-là, j’étais en grande garde, c’est-à-dire que je m’occupais de tout l’hôpital général. Je suis passée dans le service de réanimation, déjà plein, et c’est là que j’ai réalisé ce qui se jouait. J’ai vu le cœur du système, la pénurie de moyens. J’ai reçu un appel du service des maladies infectieuses vers 21 h 30. Une des infirmières avait 39 °C de fièvre et personne pour la remplacer sur le planning. Si on laissait un soignant dans cet état en plein service dédié au Covid, […]

La sage-femme libérale Céline Puill, lors d'une visite à domicile chez une patiente à Fontenay-sous-Bois.
COVID-19

Covid-19 : Adapter sa pratique libérale

« J’ai eu des pics de stress. Quand je dois aller chez une patiente que je ne connais pas, c’est horrible. J’ai peur d’attraper ce virus et de le transmettre. Si cela arrivait, ce serait affreux. L’horreur ! … et puis la honte aussi. Cela voudrait dire que j’ai complètement échoué dans ma gestion du risque. » Au soir du jeudi 19 mars, la sage-femme libérale Céline Puill s’adapte en urgence. Son cabinet se situe à Fontenay-sous-Bois, en région parisienne.  Si nombre de ses consœurs ont renoncé, quelques-unes ont choisi de poursuivre une partie de leur activité. Mais pour continuer à soutenir les patientes au cœur de l’épidémie de covid-19, il faut mettre en place de nouvelles pratiques. Celles qui ont fait ce choix se rejoignent sur les principes généraux à mettre en place. L’hygiène doit être drastique. Mais sans recommandations détaillées provenant de leurs tutelles, chacune fait un peu à sa façon. « Entre la ville et la campagne, les contraintes sont très différentes », ajoute Laurence Platel, dont le cabinet se situe à Saint-Sébastien-sur Loire, en banlieue nantaise. Quoi qu’il en soit, toute patiente qui présente un tableau clinique évocateur du covid-19 doit être orientée vers un généraliste ou vers les urgences médicales si elle se trouve en détresse respiratoire. ANNULER Globalement, toutes les sages-femmes ont abandonné les consultations « non urgentes », même si ce terme n’est pas toujours simple à définir. Dans un communiqué du 15 mars, le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes a d’ailleurs demandé aux professionnelles de « limiter leur activité en présentiel aux consultations essentielles ». Les professionnelles interrogées ont par exemple annulé l’ensemble de leurs consultations de rééducation du périnée, certaines ayant tout de même conseillé à leurs patientes quelques exercices à faire à la maison. Côté gynécologie et contraception, les professionnelles ont aussi supprimé la plupart des rendez-vous. Mais certaines […]

COVID-19

Covid-19 : La maternité de la Pitié-Salpêtrière se prépare au “tsunami”

« Nous avons pour l’instant peu de femmes enceintes malades. Nous avons donc une certaine “avance” à Paris, par rapport aux maternités du Grand-Est qui ont été noyées d’emblée. » Jacky Nizard, gynécologue-obstétricien, travaille à la maternité de la Pitié-Salpêtrière. Il s’exprime avec calme, avant la tempête attendue. « Nous constatons une augmentation progressive des cas de femmes enceintes depuis le lundi 9 mars, alors que le service de réanimation était déjà plein de malades du Covid, confie-t-il. Ce lundi-là a été notre baptême du feu en maternité. » Première patiente Un peu plus d’une semaine avant le confinement national, une patiente enceinte se présente dans un autre hôpital avec des symptômes typiques du Covid-19. Devant l’aggravation de son état respiratoire, elle est transférée en réanimation à la Pitié-Salpêtrière, à 34 semaines d’aménorrhées. Les obstétriciens consultent alors leurs collègues de réanimation, qui n’avaient pas encore pris en charge de femme enceinte avec des difficultés respiratoires durant cette épidémie. Les réanimateurs savent que, dans cette situation, l’état des “patients Covid” peut se dégrader très vite, parfois en quelques heures, vers un syndrome de détresse respiratoire aigüe. Une césarienne en urgence est décidée d’emblée, sous anesthésie générale et intubation. Le bébé, prématuré, a été pris en charge en néonatologie sur le site. « Les pédiatres ont choisi d’accueillir le bébé au bloc pour ne pas contaminer le reste du service de néonatologie, poursuit Jacky Nizard. La patiente a été hospitalisée en réanimation, puis en pneumologie, sans nécessiter de respirateur artificiel. Elle est sortie trois jours après. Elle se porte bien, de même que son bébé. Nous pensons que la césarienne l’a aidée à récupérer, comme dans toutes les infections respiratoires survenant au troisième trimestre de la grossesse, et non pas uniquement dans les cas de Covid. » Depuis, aucun autre cas grave […]

COVID-19

Covid-19 : La colère d’une sage-femme

« En ville, on est seul. Mais je ne me suis jamais sentie aussi seule. J’ai l’impression d’avoir été lâchée au milieu de l’océan sans bouée. Je n’ai aucun lien avec les maternités et les hôpitaux qui m’entourent. Je suis très déçue. Il n’y a aucune cohésion entre les professionnels de santé en ville et ceux de l’hôpital. Aucun de mes partenaires habituels ne me répond. Mes patientes accouchent essentiellement dans les maternités de Saint-Cloud et de l’hôpital Foch, dans l’ouest parisien. Dans une moindre mesure, mes autres patientes accouchent à Paris, à l’hôpital Necker, ainsi qu’à la maternité privée Notre Dame de Bon secours de l’hôpital Saint-Joseph, et à la maternité catholique Sainte-Félicité. Pour pouvoir échanger avec les professionnels de ces établissements, j’ai même essayé de passer via mes patientes, en leur demandant de solliciter les professionnels de ces maternités pour moi. Je n’ai eu aucun retour, depuis une semaine. Comment puis-je préparer mes patientes à leur futur accouchement si je ne sais pas quelle conduite à tenir a choisi leur maternité ? Le papa pourra-t-il être présent à l’accouchement ? Auront-elles accès à une analgésie péridurale ? Dans le contexte actuel de l’épidémie de Covid-19, il est permis d’en douter, les anesthésistes étant également réanimateurs. Or, une sage-femme qui ne sait pas répondre ne rassure pas ses patientes. Pour les primipares qui doivent accoucher dans dix jours, la situation est vraiment angoissante. Le problème numéro 1 Dans ce contexte, pourquoi les maternités ne se mettent-elles pas d’accord sur un protocole commun ? Pourquoi ne nous invitent-elles pas à leurs réunions ? Comment dois-je m’organiser pour accueillir les sorties précoces ? Les messages sont contradictoires. Par exemple, une de mes patientes est très angoissée. Elle va très bien, mais lors de la dernière échographie, on lui a annoncé un […]

COVID-19

Covid-19 et grossesse : ce que dit la science

Cet article a été mis à jour le 31 mars 2020 Le 11 mars, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) décrétait l’état de pandémie pour le Covid-19, maladie provoquée par le coronavirus Sars-Cov-2. À cette même date, la France comptait 2281 cas confirmés et 48 morts. Vingt jours après, malgré le manque de dépistage, notre pays recensait 51 128 cas confirmés, dont 22 757 personnes hospitalisées et 3523 décès à l’hôpital. Le nombre de cas réels, difficile à estimer, était beaucoup plus élevé. Les femmes enceintes, les fœtus et les nouveau-nés, considérés comme vulnérables, sont-ils plus en danger ? Les premiers éléments de réponse fournis par la science sont rassurants. Mais les données sont encore parcellaires et susceptibles d’évoluer. En Chine, un strict confinement, qui a restreint des libertés publiques déjà très limitées, a permis de contenir l’étendue des contaminations. Les autorités ont caché le début de l’épidémie, mais les chercheurs chinois sont ensuite parvenus à transmettre d’importantes données à l’ensemble de la communauté scientifique internationale, à commencer par la séquence du génome viral, qui a permis d’élaborer les tests de dépistage par RT-PCR. Plusieurs articles ont également été publiés en matière de périnatalité.   PAS DE SUR-RISQUE CHEZ LES FEMMES ENCEINTES Dans un rapport de mission menée en Chine entre le 16 et le 24 février 2020, l’OMS soutient que le Sars-Cov-2 n’entraîne pas plus de symptômes chez les femmes enceintes. Sur 147 femmes enceintes infectées, « 8 % ont présenté une maladie sévère et 1 % était critique ». Les cas sévères ont besoin d’une assistance respiratoire mécanique ou présentent des défaillances d’organes qui demandent des soins intensifs. En population générale, « environ un quart des cas sévères et critiques requièrent une ventilation mécanique tandis que les 75 % restants ne requièrent qu’une supplémentation en oxygène », ajoutent les spécialistes. La première étude publiée à […]

Grand Angle

Les pionnières de la recherche en maïeutique

L’ épisiotomie doit-elle être systématique ? Les perfusions d’oxytocine au cours d’un travail spontané sont-elles en lien avec l’hémorragie du post-partum ? Quel est l’intérêt des postures pendant l’accouchement ? Existe-t-il des corrélations entre les pratiques cliniques et la taille de l’établissement ? L’origine géographique des femmes influence-t-elle leur prise en charge en maternité ? Autant de questions qui démontrent l’intérêt de conduire des projets de recherche en maïeutique. Terme équivalent à celui de midwifery, en anglais, il recouvre l’art des sages-femmes, autrement dit le suivi et la prise en charge des femmes enceintes à bas risques et de leurs bébés. À l’heure de la médecine fondée sur les preuves, la discipline est devenue incontournable. Elle permet de proposer des soins plus adaptés à un moindre coût. Pourtant, en France, les doctorats de maïeutique n’existent pas encore. Pour devenir chercheuses – et le rester -, les sages-femmes françaises ont emprunté des chemins détournés. Leurs bricolages ont cependant réussi à faire émerger la recherche en maïeutique et ont contribué à convaincre de son intérêt. Au point que la maïeutique devrait prochainement être reconnue comme une véritable discipline académique. EN FRANCE, UNE DISCIPLINE INVISIBLE Il était temps. « L’International Confederation of Midwives considère la recherche comme un composant essentiel de la maïeutique depuis les années 1980, rappellent Sophie Goyet et trois de ses consœurs sages-femmes chercheuses, qui signent un article sur le sujet dans la revue britannique Midwifery (1). Aux États-Unis, la recherche en maïeutique a été initiée par des sages-femmes, alors qu’elles devaient apporter les preuves des bénéfices de leurs interventions. Au Royaume-Uni, les sages-femmes étaient sous la pression des femmes qui questionnaient quelques-unes de leurs pratiques habituelles comme les lavements systématiques ou l’épisiotomie de routine. La Suède a commencé la recherche en maïeutique quand les universités ont intégré la formation des sages-femmes, en 1977. D’autres […]

Grand Angle

Fœtus en danger : faut-il signaler ?

« Annoncer aux parents une séparation quand leur bébé vient juste de naître, c’est impensable. Cela bouscule tout le monde. C’est émotionnellement très difficile », raconte Estelle Russeil. Cette éducatrice est coordinatrice entre le service de protection maternelle et infantile (PMI) et celui de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), où les enfants peuvent être placés sur décision judiciaire après avoir été séparés de leur famille par mesure de protection. Le poste est rare, mais dans la Vienne (86), c’est elle qui vient chercher les nouveau-nés à la maternité lorsque le procureur de la République, après une alerte des équipes de PMI et de la maternité, estime que l’enfant ne peut pas rester avec sa mère. Les situations peuvent être dramatiques, « avec beaucoup de violence, de cris, de pleurs », poursuit l’éducatrice. Mais depuis quelques années, elle constate que ces séparations se passent mieux que par le passé. À la maternité, la violence a baissé. Elle attribue ce phénomène au protocole mis en place dans son département au sujet de la transmission d’une information préoccupante prénatale : l’IP prénatale. Une sage-femme en est le pivot. Dans le cadre de ce dispositif, présenté lors des dernières journées d’étude de l’Association nationale des sages-femmes territoriales, en juin 2018, à Poitiers, les inquiétudes sont transmises au magistrat avant même la naissance de l’enfant.   Des cas rares Les cas sont plutôt rares. En 2013, avant la mise en place du dispositif, les informations préoccupantes prénatales concernaient 0,3 % des naissances du département. Entre 2014 et 2017, il y a eu 51 IP prénatales, soit 0,27 % des naissances. « Sur les quatre années de recul, les chiffres sont stables », constate Agnès Chauvet, gynécologue-obstétricienne de la PMI de la Vienne, qui a directement participé à l’élaboration du protocole. Dans presque la moitié des cas (46 %), les mères souffraient […]

Point juridique

Les disponibilités dans la fonction publique

Des solutions existent pour les sages-femmes de la fonction publique, territoriale ou hospitalière. Chaque type de « disponibilité » ouvre des opportunités intéressantes.  La disponibilité est la position statutaire dans laquelle un fonctionnaire titulaire est placé hors de son administration ou service d’origine. Cette position permet d’arrêter temporairement son travail sans perdre son statut de fonctionnaire.  Pendant la disponibilité, le fonctionnaire ne perçoit aucune rémunération, n’a aucun droit à l’avancement ni aucun droit à la retraite. La disponibilité permet en revanche au fonctionnaire de récupérer un poste au sein de son administration d’origine une fois la disponibilité terminée.  Seuls les fonctionnaires titulaires peuvent demander une disponibilité. Ce n’est pas possible pour un fonctionnaire stagiaire (qui pourra demander un congé sans traitement pour raisons familiales ou un congé sans traitement pour convenances personnelles).  Les fonctionnaires contractuels peuvent demander un congé non rémunéré, pour les mêmes motifs que la disponibilité, énumérés ci-dessous.  La mise en disponibilité peut, dans certains cas, être décidée par l’administration. Ce sont les cas de disponibilités d’office pour inaptitude physique ou dans l’attente d’une réintégration (non détaillés ici puisqu’il ne s’agit pas de « congés » volontaires). Par ailleurs, deux types de disponibilités existent : la disponibilité d’office, que l’administration ne peut refuser si les conditions sont remplies, et la disponibilité discrétionnaire sous réserve des nécessités de service.  Les cas de disponibilités d’office Les fonctionnaires titulaires ont la possibilité de demander une mise en disponibilité de droit, que l’administration ne peut refuser.  Ces disponibilités peuvent durer trois ans, renouvelables tant que les conditions sont remplies pour : • Élever un enfant de moins de 12 ans • Donner des soins à un enfant à charge, à son conjoint ou à un ascendant (accident, maladie grave, handicap nécessitant la présence d’une tierce personne…) • Suivre un conjoint ou partenaire de Pacs s’il déménage pour son travail...

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En libéral

L’activité libérale selon Louise et Sophie (épisode 3) : Les chiffres…

Dans le deux premiers épisodes d’avril et juin derniers, Sophie, sage-femme libérale depuis 24 ans à Nantes conseillait Louise, jeune sage-femme diplômée à Brest sur les différentes démarches pour sa future installation en libéral. Désormais, Louise a débuté son activité libérale, elles se sont donné un troisième rendez-vous téléphonique pour poursuivre leur échange. — Bonjour Louise, comment vas-tu ? As-tu pu t’installer comme tu voulais ? — Bonjour Sophie, oui ça y est ! Je suis installée depuis le 1er Juillet !  — Oh ! Super ! Bien plus tôt que prévu alors ? Ce ne devait pas être en septembre ? — Si, mais Mathilde, ma collaboratrice, m’a proposé de débuter plus tôt pour pallier aux congés d’été et moi cela m’arrangeait financièrement. J’ai aussi pu obtenir deux semaines de congés en août. J’avais retenu ton conseil qu’il était préférable financièrement de commencer en début de trimestre. — Bien vu ! Je vois que tu as vite compris ! — Pour certains éléments oui, mais pour ce qui est de la comptabilité justement j’avoue que je suis un peu perdue. J’attendais notre appel pour pouvoir te poser quelques questions, si tu veux bien ? — Il est vrai que nous sommes plus formées aux soins qu’à la comptabilité. As-tu un logiciel spécifique ? — Oui, j’ai pris le même que Mathilde. Cela me paraissait plus simple au sein d’un même cabinet. Elle a pu m’expliquer l’aspect pratique du logiciel, mais j’ai l’impression de perdre beaucoup de temps. Je n’arrive pas à voir où j’en suis à l’instant T et quel salaire je vais pouvoir me verser sur le long terme.  — Un principe assez simple est de te dire que quand tu perçois un versement d’une patiente, de l’Assurance Maladie ou d’une complémentaire santé, tu le divises par deux pour savoir combien il va te rester. L’idéal est de faire ta...

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Grand Angle

Le moratoire sur les fermetures de maternités est-il nécessaire ? 

En recevant l’annonce de la fermeture provisoire de la maternité de Guingamp, courant avril 2023, Yann Fañch, membre du comité de défense de l’hôpital, ne s’attendait pas à ce qu’elle soit encore fermée deux ans plus tard. « Tous les trois, quatre mois, on nous annonce la prolongation de cette fermeture provisoire », dénonce-t-il en soupirant. Il se pourrait donc, que d’ici peu, la maternité de cette petite ville bretonne qui réalisait 497 accouchements par an soit condamnée à fermer ses portes pour toujours. Car la France est championne depuis plusieurs décennies de ces arrêts de fonctionnement. 40 % des maternités françaises ont fermé leur porte depuis les années 2000.  Le droit de voir naître ses enfants  Guingamp, la ville la plus pauvre de Bretagne, a perdu le droit de voir naître ses enfants. D’autres territoires similaires ruraux ou périurbains ont également fermé leur maternité. La plupart ont des caractéristiques comparables à celles de Guingamp sur le plan socioéconomique, comme des taux de chômage ou de pauvreté supérieurs à la moyenne nationale. Les populations y sont fréquemment confrontées à des difficultés d’accès aux transports en communs ou à la voiture. Pourtant, les instances de santé mènent des campagnes pour regrouper les accouchements dans des services de niveau 2 ou 3, dans de plus grandes villes à proximité… ou presque.  À proximité… ou presque De nombreuses personnes se retrouvent désormais contraintes de conduire plus de 45 minutes pour pouvoir accoucher à l’hôpital. Un choix de restructuration de l’offre de soin appuyé par l’Académie de médecine qui préconisait en 2023 de « fermer les maternités réalisant moins de 1 000 accouchements par an », soit 111 d’entre elles. « Toutes ces données nous ont interpellés », raconte Sébastien Leurquin, coauteur avec -Anthony Cortes de 4,1, Le Scandale des accouchements en France (ed. Buchet-Chastel). Dans ce livre enquête, les deux journalistes partent d’un chiffre...

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A la Une

Avec les sages-femmes de la Réserve sanitaire

Niché derrière un grand étang au-dessus duquel s’élève une brume envoûtante au petit matin, un corps de ferme charmant en pierres grises. Un gîte de France ?  Les tentes blanches érigées sur la parcelle et les silhouettes revêtues d’un même gilet blanc détonnent. Nous sommes en réalité dans un tout autre endroit, plutôt confidentiel : un camp de formation de cinq jours de la Réserve sanitaire. Nous resterons donc discrets quant à sa localisation… Pour cette session, ils sont 66, une grande promotion ! Médecins, urgentistes, infirmiers, pharmaciens, secrétaires médicaux… et sages-femmes. Tous prêts à tester leurs limites pendant une petite semaine, avec des exercices de mise à l’épreuve, de gestion des situations de crise et de l’imprévu. « On a tous envie de bouger, de voir comment ça se passe ailleurs », observe Alice Charbonnel, maïeuticienne hospitalière.  « C’est vrai qu’on aimerait bien partir tout de suite. Si à la fin de la semaine, on nous disait “on y va”, je pense qu’on irait tous ! » renchérit Anne Bord-Batany, sage-femme clinicienne. Une envie d’exercer son métier avec passion et de partir en mission les anime. Leur engagement volontaire témoigne aussi d’un acte citoyen fort pour la santé de tous. La Réserve sanitaire, c’est quoi ?  Créée en 2007 suite à l’épidémie de chikungunya à la Réunion, gérée par Santé publique France (SPF), la Réserve sanitaire, c’est une communauté de professionnels issus de tous les secteurs de la santé (médical, paramédical et logistique), qui se portent volontaires pour être dépêchés par l’État français sur les lieux de crise sanitaire à tout moment. La France serait le seul pays au monde à en être dotée.  « Les soignants sont habitués à soigner en sécurité. Cela n’est pas forcément le cas en mission » prévient Philippe Segura. « Ils ne sont pas soumis à une rigueur militaire, mais ils rejoignent une organisation structurée,...

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Quand la musique donne le tempo du cœur

La musique ne fait pas qu’adoucir les mœurs, elle interagit directement avec notre état physiologique et influence le fonctionnement de notre cœur, notamment du rythme cardiaque. Une nouvelle étude de la Pre Elaine Chew du King’s College de Londres met en lumière l’étonnante synchronisation entre la pression artérielle (PA) et les structures de phrases musicales prévisibles d’un morceau de piano. La recherche a montré que la PA se régule et se synchronise davantage lorsque les phrases musicales sont plus régulières et anticipables. « Il est agréable de se synchroniser avec des structures musicales : des recherches ont montré que la musique utilise le même système de récompense que la nourriture, le sexe et les drogues », explique la Pre Chew. Ces découvertes ouvrent la voie à des applications médicales prometteuses. La Pre Chew souligne que : « Cette recherche soulève la possibilité intrigante que nous puissions concevoir à l’avenir des thérapies musicales visant à susciter des réponses biologiques spécifiques.» À terme, la musique pourrait même être utilisée pour prévenir les maladies cardiaques ou en ralentir la progression. Sources : Nature, 29 mars 2025 ; Medscape, 5 septembre 2025...

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France : forte baisse de la consommation d’alcool et de drogue chez les ados

Tabac : une chute spectaculaire En 2024, 20 % des jeunes Français de 16 ans ont déjà expérimenté le tabac, soit l’un des taux les plus faibles d’Europe. La proportion de fumeurs quotidiens est passée de 16 % en 2015 à 3,1 % en 2024, divisée par cinq en dix ans, rapprochant la France des pays nordiques les moins consommateurs. Alcool : des niveaux toujours élevés mais plus contenus 68 % des adolescents français ont déjà consommé de l’alcool (70 % des filles, 67 % des garçons), un chiffre inférieur à la moyenne européenne où la plupart des pays dépassent 70 %. L’alcoolisation ponctuelle importante (API) concerne 22 % des jeunes en France contre 30 % dans de nombreux pays, plaçant l’Hexagone dans le tiers des pays les moins consommateurs. Cannabis : recul historique Alors que la France était historiquement parmi les pays les plus consommateurs, l’expérimentation du cannabis a chuté de 31 % en 2015 à 8,4 % en 2024. L’usage mensuel est passé de 17 % à 4,3 %, son plus bas niveau depuis 25 ans. La France figure désormais parmi les pays européens où l’usage de cannabis à 16 ans est le plus faible. Autres drogues illicites : un usage limité En 2024, 3,9 % des jeunes Français ont expérimenté au moins une drogue illicite autre que le cannabis (contre 5 % en moyenne en Europe). La cocaïne arrive en tête (1,7 %), suivie des amphétamines (1,3 %), du crack (1,2 %) et de l’ecstasy/MDMA (1,1 %). La proportion d’expérimentateurs a reculé de moitié en dix ans (7,5 % en 2015). Perspectives Ces résultats soulignent une tendance générale à la baisse des consommations à l’adolescence en Europe, avec une diminution particulièrement marquée en France. Le pays, longtemps classé parmi les plus consommateurs de cannabis et d’alcool, se situe désormais au-dessous de la moyenne européenne pour la plupart des indicateurs d’usage. ...

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Eczéma du nourrisson : le stress pendant la grossesse à l’origine de la maladie ?

L’eczéma peut affecter la qualité de vie et le sommeil du bébé. On sait qu’il apparaît souvent dans les zones humides du corps soumises à des frottements, telles que les plis des coudes et des genoux, ou l’intérieur des couches–culottes. Toutefois, ses causes profondes restent mal comprises. Une étude menée sur des souris Des souris gestantes ont été soumises plusieurs fois par jour à du stress. Il s’en est suivi une augmentation de leur taux de cortisol. Après la naissance, leur descendance a présenté une « légère altération de la barrière cutanée », avec « une perte accrue d’eau transépidermique ». Cette condition est connue pour favoriser l’eczéma. Les chercheurs ont ensuite appliqué aux souriceaux des stimuli reproduisant les sensations d’un bébé dans sa couche. Certaines zones sensibles, telles que le cou et les plis des pattes ont été délicatement frottées à l’aide d’un ruban adhésif. Les chercheurs ont observé que la progéniture des mères stressées développait des lésions cutanées, contrairement à celle du groupe témoin. Mécanismes sous-jacents Le séquençage ARN a révélé que les souriceaux dont les mères ont été stressées présentent une « hypersensibilité nerveuse au niveau de la peau ». Des modifications de l’expression des gènes des mastocytes (cellules immunitaires) ont aussi été observées chez eux. En temps normal, ces mastocytes sont activées par un agent irritant ou allergène et libèrent de l’histamine, la substance à l’origine des rougeurs et des démangeaisons. Chez les souriceaux en question, cependant, ces cellules sont « déjà activés au repos », ce qui signifie que la peau « est prédisposée à développer l’inflammation ». Et chez l’être humain ?  L’analyse de prélèvements sanguins de 58 femmes enceintes semble confirmer l’hypothèse des chercheurs : des taux élevés de cortisol ont été observés chez les mères souffrant d’eczéma durant le deuxième trimestre de grossesse. Or, cette période est cruciale pour le développement des systèmes immunitaires et...

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Le régime méditerranéen face au risque d’alzheimer

Des profils métaboliques génotype -dépendants L’étude révèle que les associations entre 57 métabolites sanguins et le risque de démence varient en fonction des profils génétiques. Chez les homozygotes APOE4, des métabolites tels que les esters de cholestérol et les sphingomyélines sont fortement associés à un risque accru de démence.  Le régime méditerranéen  Toutefois, l’étude démontre que l’adhésion au régime méditerranéen module ces métabolites, offrant ainsi un effet protecteur particulièrement marqué chez ces personnes à haut risque. Le régime contribue à réduire l’apport de métabolites (1) délétères et à ralentir le déclin cognitif. Selon Yuxi Liu, chercheuse au Brigham and Women’s Hospital « le régime méditerranéen est le seul dont le lien causal avec des bénéfices cognitifs a été démontré dans des essais cliniques randomisés ». Recommandations de Santé publique D’après les auteurs de l’étude, ces résultats montrent l’importance d’une approche nutritionnelle personnalisée pour la prévention des démences liées à la maladie d’Alzheimer. Yuxi Liu souligne que « cette recommandation diététique s’applique à la population générale mais est d’autant plus importante pour les personnes à haut risque génétique de démence ».  Inspiré des habitudes alimentaires des pays du bassin méditerranéen, le régime du même nom privilégie une alimentation riche en aliments végétaux (fruits, légumes, légumineuses, céréales complètes, noix, huile d’olive) et une consommation modérée de poisson, volaille, produits laitiers et vin. Il recommande de limiter les produits transformés, les sucres ajoutés et la viande rouge. (1) Produit de transformation d’un corps organique au sein d’une cellule, d’un tissu ou du milieu sanguin...

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TikTok, une menace pour la santé mentale des jeunes

Selon le président de la commission, Arthur Delaporte, « à l’issue de cette commission d’enquête, le verdict est sans appel : cette plateforme expose en toute connaissance de cause nos enfants, nos jeunes, à des contenus toxiques, dangereux, addictifs ».  Quatre dégâts indéniables ont été identifiés : « Le premier est la privation sociale, le second est le manque de sommeil et ses conséquences (anxiété, irritabilité, déficits cognitifs, difficultés d’apprentissage…), le troisième est la fragmentation de l’attention et, enfin, le quatrième dégât fondamental est l’addiction », notent les auteurs de ce rapport....

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Produits chimiques de synthèse et santé des enfants : l’urgence d’un nouveau cadre légal

On recense environ 350 000 substances chimiques et plastiques fabriqués dans le monde, dont la production a été multipliée par 50 depuis 1950 et pourrait tripler d’ici 2050. Contrairement aux produits pharmaceutiques, moins de 20 % de ces substances ont été testées pour leur toxicité, et encore moins pour leurs effets sur les nourrissons et les enfants. Comme le rappelle une récente étude canadienne, « les associations entre substances largement utilisées et maladies pédiatriques continuent d’être découvertes avec une fréquence préoccupante ». Données épidémiologiques  Au cours du dernier demi-siècle, le taux de MNT chez les enfants a fortement augmenté :  • Le cancer infantile a augmenté de 35 %. • Les troubles neurodéveloppementaux touchent désormais un enfant sur six. • L’asthme infantile a triplé et l’obésité a presque quadruplé. Aux États-Unis, la pollution par le plomb, largement utilisée dans l’essence jusqu’à la fin des années 1970, aurait réduit le QI moyen des enfants de deux à cinq points. Sa suppression a entraîné un bénéfice économique cumulé de plus de 8 000 milliards de dollars depuis 1980. Des cas historiques, comme la thalidomide, le désastre de Minamata et le Distilbène (DES), ont montré que les produits chimiques toxiques peuvent traverser le placenta et que les enfants sont bien plus vulnérables que les adultes. Ces observations ont jeté les bases de la pédiatrie environnementale. Les recherches actuelles révèlent que même des expositions brèves et à faible dose peuvent causer des maladies qui se manifestent plus tard dans la vie.  Failles des réglementations actuelles Les lois américaines et européennes, comme le Toxic Substances Control Act (TSCA) et le REACH (Registration, Evaluation, Authorisation, and Restriction of Chemicals), n’ont pas réussi à protéger la santé publique. Elles considèrent les produits chimiques comme inoffensifs jusqu’à preuve du contraire et imposent aux gouvernements la charge de la preuve. En près de 50 ans,...

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